mercredi 29 avril 2009

Eglise St Christophe au Pin (38)

La commune est riveraine du Lac de Paladru. Le Pin est aussi situé sur le chemin de pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle (de Genève au Puy en Velay) par le sentier GR® 65. Il y avait sur ce territoire une Chartreuse, celle de la Sylve Bénite, détruite à la Révolution. Pas de grosse rivière en vue, seulement ce qui semble des ruisselets mais certains petits ruisseaux peuvent faire de gros dégâts. Sur le support du panneau, on peut voir le symbole de la coquille (cliquer pour agrandir) qui veut dire qu'on est bien sur le chemin de St Jacques Par ailleurs, les habitants du hameau d'Ars en bordure du Lac de Paladru ont eu à subir, à la fin du 12ième siècle, de capricieuses variations du niveau du lac, les amenant à déplacer une partie des habitations, et un incendie accidentel (ou criminel) détruisant le village et l'église Sainte Anne à un moment où la Chartreuse toute proche était en pleine expansion. Il en serait né une légende, celle de la Ville d'Ars, engloutie pour avoir refusé la charité à un mendiant. Ces informations, que j'ai résumées de façon peut-être maladroite, je les ai trouvées dans le livre "Les légendes de Paladru, parmi les récits de catastrophe du Dauphiné et de la Savoie", de Christian Abry, Alice Joisten, Michel Colardelle et Eric Verdel , livre si documenté qu'il paraît en être inépuisable, ainsi que dans la brochure "Les Mystères de la Silve Bénite" édité par la Maison de Pays des Trois Vals et du Lac de Paladru.
Quel rapport avec le Réprouvé ? Bien sûr il y a les dangers de l'eau, le chemin de Compostelle mais il serait intéressant de savoir aussi depuis quand l'église du Pin est dédiée à St Christophe, depuis le 18ième ? Avant ? Il me se semble que cet article n'est pas clos !
Le clocher de l'église qui est relativement éloignée du lac, est orné de deux cadrans solaires du 19ième qui ont été restaurés récemment. L'intérieur de l'église du 18ième siècle est très sobre, le choeur est orné de quelques vitraux représentant des saints, dont celui de St Christophe.Y avait-il St Jacques ? Il faut que j'y retourne...
Le culte de Saint Christophe semble... discret. Certains habitants ignorent que l'église lui est dédiée.

mardi 21 avril 2009

Images de St Christophe dans les Grisons, en Haut Adige, dans le Vorarlberg et le Piémont

Les images abîmées entre iconoclasme, pratiques religieuses et rituels «magiques» de Simona Boscani Leoni, c'est un article à lire en ligne, intégralement en ... cliquant sur son titre...
En lisant cette article j'ai pu lister un certains nombre de lieux où St Christophe est présent sur les peintures murales. De quoi me donner envie de voyager par là bas ! A trans-frontières, d'un bord à l'autre d'un grand bout des Alpes que je ne connais pas encore.
Notre saint était vénéré dans cette région, notamment tout au long des grandes voies de communication transalpines. Il est invoqué contre la mort subite et comme protecteur par rapport à la peste. Même si la liste ci dessous n'est pas exhaustive, ce qui est remarquable c'est la prédominance de cette figure dans les "images abîmées", prédominance qui peut s'expliquer de plusieurs façons : c'est le saint le plus fréquent, c'est celui qu'on préfère, c'est celui dont les images ont survécu, etc. etc.
Pour les lieux il y a donc :
Dans les Grisons (Canton Suisse), San Martino de Boudo (Val Bregaglia) et image ci dessous, Waltensburg/Vuorz, Santa Maria del Castello (Mesocco) et Soazza (Val Mesolcina)En Trentin Haut-Adige (Région Italienne) : Agund-Plars (Eglise St Ulrich), Tartsch et St Aegidius de Kortsch...
En Vorarlberg (Région Autrichienne) : St Vinerius de Nüziders
Dans le Piémont (Italie),près de Vercelli : Quarona (église San Giovanni al Monte)
Pour ce voyage, si j'ai tout compris, il me faudra parler italien, romanche, piémontais, allemand... et je dois en oublier.
Voici l'introduction et la conclusion de l'article qui vont me faire regarder autrement ces images dont l'usure ne provient pas que de l'âge ou d'un vandalisme "gratuit" :
"Les décors peints qui ornent les murs des sanctuaires sont des présences « vivantes » ayant une relation intense et complexe avec les rituels mis en scène dans l'église, ainsi qu'avec les fidèles qui sont les spectateurs interactifs de ces rituels. Les peintures murales deviennent ainsi un medium privilégié entre l'Ici-bas et l'Au-delà pouvant protéger les croyants et matérialiser le sacré. Toutes ces qualités expliquent l'intérêt des hommes envers elles, leurs attitudes d'adoration ou de négation vis-à-vis de la puissance sacrée de l'image...
Dans ces lignes, nous avons mis en évidence trois comportements ayant produit des images abîmées : l'attitude destructrice liée à la censure de la Réforme et de la Contre-réforme, la pratique des égratignures, et enfin la manipulation de l'image à travers le repeint. L'« amour » des fidèles pour l'image s'est exprimé selon des pratiques différentes. Ecrire son propre nom, la date de visite de l'église ou des prières sur les peintures murales était un phénomène répandu qui atteste le besoin de la part des croyants de s'approprier matériellement quelque chose de l'image et de sa force. Les repeints et l'intégration des peintures dans des ensembles plus récents montrent l'intérêt des commanditaires et plus généralement des communautés de fidèles à l'égard de leur paroisse, ainsi qu'une attitude de respect vis-à-vis des « images efficaces »... L'étude des peintures abîmées permet donc d'aborder le problème du rapport homme/image selon une perspective originale et de mettre ainsi en évidence l'importance et la complexité de l'impact des arts visuels dans les sociétés chrétiennes occidentales durant de longs siècles."

Mystères de St Christophe

Il y a un article très érudit à lire en ligne si vous voulez en savoir plus... C'est le texte d'un article de 1973, actuellement indisponible sur papier de G. A. Runnalls. La saisie et la mise en page ont été assurées à l'Université de Rennes par Christophe (!) Chériaux.
Voici une partie de l'introduction :
"Il existe aujourd'hui deux pièces de théâtre médiévales qui ont pour sujet la vie et le martyre de Saint Christophe. La version la plus connue est celle d'Antoine Chevalet, représentée en 1527 à Grenoble, et imprimée, également à Grenoble, en 1530 ( voir XXIV1 , II 599-605 XXII; III 1-26). Il s'agit d'un long mystère de presque 20000 vers, divisés en quatre journées. En voici le titre: «S'ensuyt la Vie de Sainct Christofle élégament composée en rime françoise, & par personnaiges, par Maistre Chevalet, jadis souverain Maistre en telle compositure, nouvellement imprimée.... Icy finist le Mystère du glorieux Sainct Christofle, composé par personnaiges, & imprimé à Grenoble le vingt-huict de Janvier, l'an comptant à la Nativité de Nostre-Seigneur, mil cinq cens trente, aux dépens de Maistre Anemond Amalberti, Citoyen de Grenoble.»
L'autre version de la vie de Saint Christophe, qui consiste en un traitement très différent du même thème, est plus courte, et moins bien connue; en effet, elle passa presque inaperçue jusqu'en 1880, lorsque Petit de Julleville (XXIV, II 491-3) en fit mention pour la première fois.... C'est cette deuxième version, anonyme, qui nous intéresse, et dont nous publions ici la première édition moderne... Voici l'Incipit et l'Explicit de Yf 1606: «S'ensuit le mistere du Tresglorieux martir Monsieur sainct christofle Par personnages Nouvellement (VI) imprime a Paris Et est a xxxiiij personnages Dont les nomps s'ensuivent cy apres.... Cy finist le mistere de sainct cristofle nouvellement imprime a Paris par la veufve feu Jehan trepperel Jehan Jehonnot Libraire & imprimeur Jure en l'universite de Paris demourant en la Rue neufve Nostre dame a L'enseigne de l'escu de France.» Ce document fut publié entre 1512 et 1517"
Pour vous donner l'eau à la bouche, suite à une enquête quasi policière, les auteurs en sont venus à penser que le mystère imprimé à Paris, mais sans doute composé, un peu plus tôt, au siècle précédent, l'a été par un imprimeur qui habitait la paroisse de St Christophe, dont l'église, maintenant détruite faisait face à Notre Dame.
Il y a dans cette article un historique des différentes versions de la légende qui en vient à la conclusion que la légende du Réprouvé, telle que je la raconte à la "suite" de Jacques de Voragine, et telle qu'elle apparaît dans les mystères est assez récente.
Pour ce qui est du mystère imprimé et joué à Grenoble, nous aurons sans doute l'occasion d'en reparler puisqu'il a aussi été traduit et joué dans l'Eglise de St Chef (38) en 2002. On peut juste faire remarquer que Grenoble, au confluent du Drac et de l'Isère (le serpent et le dragon, comme le disent les Grenoblois) était régulièrement dévastée par les inondations.

jeudi 9 avril 2009

Auris en Oisans (38), un oratoire dans un lieu remarquable

Auris est une commune de montagne où il n'y a pas de bourg mais neuf hameaux et autant de chapelles et aussi une station de ski. L'accès depuis la vallée a toujours été difficile... Les hameaux sont en bordure de falaises pour ne pas trop empiéter sur les terres cultivables. Sans y être jamais allée je connaissais la réputation du chemin surnommé "La Cheminée" qui monte dans la falaise depuis la Romanche (le torrent). Je savais aussi qu'au pied de ce chemin, la traversée de la Romanche se fait par un pont dit "romain", même s'il n'est peut-être que médiéval... Et voici que je découvre que la chapelle qui est au départ de "l'Echelle", au hameau de la Balme d'Auris est dédiée à Saint Christophe... Et qu'on appelle parfois le pont, le Pont du Diable.
La promenade s'imposait ! Voici donc le haut de la Cheminée depuis le hameau de la Balme avec sur le promontoire l'oratoire. La première photo de cet article a été prise, elle, depuis l'oratoire... C'est vertigineux et pourtant c'est bien là que le chemin commence sa dégringolade fort appréciée par les vététistes... à ce qu'il paraît!Le saint est représenté sans l'enfant... Ce que je n'ai vu pour l'instant qu'à St Jacques St Christophe de Crimée. La peinture date de 2006. Le peintre, Pierre Ren, habite à la Balme et semble avoir choisi de représenter le prêcheur (?) avec l'alpha et l'omega ? J'aime les pierres et les bougies devant le tableau.Vous pouvez cliquez pour agrandir "le panneau pour les touristes" fort instructif et bien fait !Après ça je suis retournée sur l'autre versant : on distingue l'oratoire (gris sur la "pointe" de roche, le cube blanc, plus à droite, c'est le réservoir d'eau) à droite des chalets sur la falaise et l'Echelle qui descend en zig-zag sur sa gauche. 500 mètres de dénivelés, plein Sud, jusqu'à la Romanche. Un itinéraire peut-être impressionnant mais pas plus dangereux qu'un autre...