samedi 27 septembre 2008

St Christophe de Javel, 23 septembre 2008

Une église de brique et de ciment juste en face de l'Imprimerie Nationale à Paris. Il y a des croques morts devant l'église, ça veut dire que c'est ouvert... J'entre : effectivement c'est un enterrement avec peu de monde dans une immense église pleine de couleurs et de musique : de l'orgue accompagne une magnifique voix de chanteuse ...
A l'entrée un Saint Christophe de marbre blanc m'accueille.L'église est tapissée des 2 côtés par des fresques immenses et légendées, comme une bande dessinée ou une fresque du Moyen-âge, qui racontent la vie de St Christophe. L'artiste signe Jacques Martin Ferrières et il a travaillé directement sur le béton avec de la cire. L'oeuvre est monumentale, pleine de détails...
Sur le côté droit, le texte dit ceci (chaque paragraphe correspond à une image) :
Fier de sa force, le géant Reprobus décide de la mettre au service de l'être le plus puissant du monde. Mais un jour, le Prince qu'il servait se troublant au seul nom de Satan prononcé par des musiciens, Reprobus rend ses armes et dit Satan sera mon maître.
Reprobus abandonne Satan vaincu par la Croix du Christ.
Un ermite révèle au bon géant la religion du Christ et l'envoie aider les voyageurs à passer un torrent.
Une nuit un petit enfant hèle le passeur. Le bon géant porte avec aisance son précieux fardeau quand soudain ses forces le trahissent sous le poids prodigieux de l'enfant et sous la poussée des eaux démesurément grossies.L'enfant Dieu dissipe par son sourire l'angoisse du bon géant : on t'appelait le Réprouvé, je te baptise Christophe car tu as porté le Christ qui supporte le poids du monde.
La suite de l'histoire sur tout le mur de gauche raconte Christophe, converti, prêcheur et martyr jusqu'à l'ascension de sa tête décapitée vers le ciel... Le genre d'histoire qui ne m'intéresse pas beaucoup.
L'église date de 1930. Elle a été construite dans un quartier déshérité, un quartier populaire en bord de Seine, célèbre pour ses sablières et ses usines chimiques. La volonté des religieux et de l'architecte était de construire avec des moyens modernes (c'est le tout début du béton armé) une cathédrale à moindre prix (parce que préfabriquée dans des ateliers chauffés l'hiver pour limiter le chômage des maçons et permettre aux moins qualifiés d'avoir du travail)mais qui donne envie d'entrer.
Au dessus du choeur une autre peinture de St Christophe entourée d'étoiles. Je lirai plus tard que les étoiles étaient "vendues" pour payer les travaux : tous les enfants voulaient avoir "leur" étoile près de St Christophe ! Autour du saint, il y a, parait-il, représentés toutes sortes de transports contemporains, même une ... skieuse. La lumière n'était pas assez bonne pour que je les vois...
La célébration est finie, je fais quelques photos, heureusement car le prêtre commence à éteindre les lumières. Il me dit qu'il est pressé mais il réussi à me vendre une petite brochure très intéressante sur l'église et sa construction !
En sortant je découvre l'inscription au dessus de la porte et le Saint Christophe de 8 m 50 qui surplombe l'entrée.

Faites un détour par cette église : il y a d'autres Christophe cachés dans tous les coins : vitraux, horaires des messes, fresques extérieures ou le saint accompagne des coureurs automobiles...
Juste à côté étaient les usines Citroën. Jusqu'en 1960, il y avait une bénédiction des voitures mais, bouchons aidant, il a été abandonné. En 2009, la Saint Christophe sera fêtée le 20 juin !
A deux ou trois cent mètres, sous le Pont Mirabeau, coule la Seine... Et voguent encore des péniches emplies de ciment. ... " Fluctuat nec mergitur", c'est la devise qui est inscrite sur les Ponts de Paris et notamment le Pont Mirabeau. Ce n'est pas que de la littérature. La corporation qui a "fondé" la ville était celle des bateliers.