mercredi 10 décembre 2008

Saint Christophe en Seine et Marne (77)

Une amie m'a prêté un document rare, "Recherches sur les cultes populaires dans l'ancien diocèse de Meaux", de Roger Lecotté.. Mémoires de la Fédération Folklorique d'Île de France n°IV, 1953, Paris.

Lecteurs de Seine et Marne, si vous en savez plus, n'hésitez pas à commenter ou aller voir : je ne connais pas la région ! Les bénédictions existent-elles toujours ? Les traces du saint correspondent-elles à des points de traversées de fleuves ? Y-a-t-il des oublis ou des actualisations à apporter à cette liste ?
En effet, Roger Lecotté rassemble de façon apparemment systématique et exhaustive, toutes les paroisses, chapelles, sources, légendes, croyances, rites, cérémonies du diocèse (qui correspond au département de la Seine et Marne)
Le saint le plus fréquent n'est pas celui qui nous intéresse. Le patron de la Brie est St Fiacre mais en Brie il y a en a bien d'autres et notamment une Sainte Osmanne.
Néanmoins on y trouve concernant St Christophe
- 7 paroisses dont il est le saint patron : Villemareuil (avec St Jacques),Cocherel (avec St Jacques), Leudon en Brie (avec St Denis), La Trétoire, Aubepierre (avec St Hilaire), Chalautre-La -Reposte (avec St Jacques et St Pancrace), Guermantes (avec St Jacques)
- 4 fêtes corporatives récentes (en 1953 !) : Villemareuil le 25 juillet avec bénédiction des automobiles mais aussi des voitures d'enfants, des trottinettes, La Trétoire le 25 juillet ou dimanche suivant jusqu'en 1938, Bois le Roi, fête créée vers 1934 et toujours actuelle (en 1953 !) avec une messe chantée suivie d'une bénédiction des autos, motos, vélos, voitures, camions poids lourds, trottinettes et autos jouets et un sermon sur "la bonne conduite", Montigny sur Loing le 25 juillet ou le dimanche précédent avec bénédiction des voitures
- 3 mentions de chapelles dédiées à St Christophe : à Villevaudé (hameau de Montjay, à proximité d'un prieuré disparu de moines augustins), Chalautre la Reposte (disparue), Moussy le Neuf (dédiée également à St Jacques, hameau d'Orcheux, disparue)
- une fontaine-lavoir à Villemareuil
- le souvenir à Provins, dans l'église St Quiriace d'une "image colossale peinte sur un mur". En 1953, elle est effacée. "Cette image était l'objet d'une sorte de culte où l'on venait en procession chanter à ses pieds une prose latine dont les vers bizarres, représentaient le saint mouillant à peine ses pieds dans le fleuve à travers lequel il portait le Christ"
Dans l'article précédent Villemareuil est déjà cité en relation avec Gargantua... Y-a-t-il un rapport géographique avec la Marne (la rivière) ?
Il se confirme que St Christophe est souvent associé à St Jacques le Majeur et qu'il semble y a voir eu un renouveau du culte de St Christophe vers 1930 avec l'arrivée de l'automobile, peut-être... Cette dernière question se pose aussi pour St Christophe de Javel, à Paris.

mercredi 12 novembre 2008

Gargantua et Saint Christophe : une source

Un de mes plus précieux correspondants est M. Paul Bailly, instituteur à Nanteuil-lès-Meaux et folkloriste des plus actifs. M. Bailly m'a dit comment, selon la légende, se sont formées les hauteurs de Nanteuil : "Gargantua, venant de Champagne, puisa au méandre de la Marne, à la Plâtrière. Il tomba. Sa hotte, en se vidant, forma la hauteur Nanteuil-Saint-Fiacre-Villemareuil. En ce dernier lieu, la source devant l'église est consacrée à Saint Christophe. A Nanteuil même, la "pierre de science" (probablement menhir) a été enlevée en 1833." Dans la carte des Gaules, Meaux qui est à proximité des hauteurs indiquées, ancien chef-lieu des Meldii, était à un carrefour de routes important.

C'est un extrait de l'article d'Henri Donteville paru dans la revue L'Education Nationale N°13, le 13 juin 1949 à consulter intégralement en ligne. Il est consacré à Gargantua.

mercredi 5 novembre 2008

Un géant chez les belges

A Ath en Belgique, on peut fêter son anniversaire à la Maison des Géants, le musée des géants processionnaires qu'on ne sort qu'une fois par an pour la ducasse. La ducasse d'Ath compte aux moins trois autres géants en sus de St Christophe de Flobecq (monté sur échasses) : Goliath, la femme de Goliath et Tirant... En 2009, la ducasse aura lieu le week-end du 21 au 24 août.
A Waremme (Province de Liège), la Gilde Saint Christophe (confrérie gastronomique) propose, le 1er dimanche après Pâques, après la bénédiction des voitures une dégustation de bière St Christophe (8°) et de pâté aromatisé à la bière... J'allais oublier : il y a aussi un Saint Christophe de 2m50 (dont le costume a inspiré celui des membres de la Gilde) dans l'église paroissiale du quartier du Racour !

Un saint qui protège, guérit et transporte...

St Christophe est invoqué contre la mort subite, il suffit souvent de le regarder, ou de croiser son regard : "Regarde St Christophe et va-t-en rassuré".
St Christophe préside à la Bonne Mort: protection toute la journée pour qui a contemplé sa statue. En Anjou on lui coupait une parcelle de nez ou des oreilles. Je suppose qu'il était en bois ! Et peut-être est-ce pour cela qu'en Picardie, sa statue est placée très haut pour que, dit-on, personne ne se l'approprie ?
Saint Christophe veille sur les ponts, les gués, les entrées des églises, les dangers du voyage...
Il y a nombre de pèlerinages pour les automobilistes avec bénédictions, processions : St Christophe en Jajolet, St Christophe sur Guiers, à Erbajolo en Corse, Valencia en Espagne, il y en avait une à Javel à Paris avant que la circulation ne devienne trop difficile, dit-on ! En Picardie belge, aujourd’hui son culte a repris vigueur auprès des automobilistes qui placent sa médaille dans leur voiture et qui vont en pèlerinage par exemple à Celles, Tertre ou Wasmes-Briffoeil (deuxième dimanche de juin)
Saint Christophe serait efficace pour la conversion des "infidèles" et des juifs. J'avoue ne pas trouver cela très utile.
En ce qui concerne les enfants,les maladies et les phénomènes naturels, il y a de nombreuses croyances :
Il existe un pèlerinage pour les enfants épileptiques à Lay St Christophe (8 km de Nancy)
L'église de Chissey sur Loue : Bâtie fin XIIème siècle et au XIIIème siècle puis transformée aux XV et XVIIIème siècles a une particularité : sa corniche intérieure ornée de moulures, de feuillages et de têtes humaines au faciès pathologique appelées "Babouins". Ceux-ci représentent les malades mentaux que l'on amenait chaque année, lors du pèlerinage de Saint Christophe, patron des voyageurs et des traverseurs, afin qu'il les fasse revenir de leur monde au nôtre. Visite libre tous les jours de 9 H à 20 H en été et de 9 H à 18 H en hiver.
Il est invoqué contre la peste, la toux et l'asthme (fontaine miraculeuse à Constantinople au 9ième siècle), les épidémies, contre les tempêtes, le feu.
A St Christaud, dans le Gers, au nord de l'église St Christophe, dans le bas fond en bas du château se trouve la fontaine St Christophe, réputée soigner les croûtes laiteuses des enfants ,"las cristalhos".
Dans le Piémont,on vient le voir pour les enfants qui ne marchent pas ou dont la croissance est retardée.
En Picardie, il est invoqué contre les coliques, les douleurs de l’enfantement et les maux d’entrailles des enfants, toutes affections qui concernent « le passage », mais aussi la grêle, les orages, les maux de dents et la « male mort »
Depuis quelques années les processions (3 fois le tour de la chapelle St Christophe) ont repris à Lorient. On y amène les enfants qui ont besoin de "force".
A St Christophe Le Jajolet, ceux qui ont érigé la statue à l'extérieur de l'église, l'ont fait pour avoir été protégés du choléra.
A Accous (Béarn), il y avait trois fontaines guérisseuses pour toutes sortes de maladies...

Cofradia de San Cristobal de Valencia

Pour vous donner envie d'aller sur le site (en français, anglais, espagnol , il suffit de cliquer sur le titre de l'article) de la Confrérie de San Cristobal à Valence où j'ai trouvé les quelques photos de cet article et découvert que là bas, ils fêtent deux fois le saint...
Les dates et le programme des fêtes de 2009 sont déjà fixés :
- jeudi 18 juin, le "jour des cannes", bénédictions de cannes...
- vendredi 10 juillet, messe, concentration de véhicules anciens, processions, sorties du saint, bénédictions des automobiles, pétards, etc.


mardi 28 octobre 2008

Eglise Saint Jacques Saint Christophe à Hurtières (38)


Hurtières, sur le balcon de Belledonne est une commune de 60 habitants. En face la Chartreuse, sauf par temps de brouillard !
L'église est dédiée à St Jacques et St Christophe. Pour le compagnonnage avec St Jacques voir les chapelles de Pâquiers et des Faures en Isère, ainsi que l'église de du quartier de la Villette à Paris.
Devant la mairie,un panneau touristique dit que l'église d'Hurtières était sur un des chemins de Compostelle ?
Pour visiter l'église il a suffit que j'appelle la mairie et fort aimablement ils me l'ont ouverte et éclairée... Merci !
Mais dans cette toute petite église entourée par le cimetière
et, où par ailleurs il y a tout ce qu'il faut (chaire du 17ième, autels en faux marbre, jolis bouquets de monnaies du pape,plafond en lambris peints inscrit aux Monuments historiques, tribune, chemin de croix, etc...) pas trace de Saint Christophe... Par contre d'autres saints portent un enfant : Saint Joseph et St Antoine de Padoue.
Le ruisseau qui coule en dessous s'appelle le ruisseau d'Hurtières. Les chemins invitent à la balade, quand il ne pleuvra plus...

dimanche 28 septembre 2008

Saint Jacques Saint Christophe et le pont de Crimée à Paris


C'est un soir de septembre doux et lumineux. Dehors, le Saint Christophe (du 19ième siècle, à droite de la porte : cliquez pour agrandir) ne ressemble pas à ce qu'on rencontre habituellement, peut-être parce qu'il manque des morceaux, à moins que le sculpteur, Dantan l'aîné, n'ait préféré représenter le converti qui prêche la bonne parole ? Sous la statue l'alpha et l'oméga.
L'église est de 1844. Des remaniements ont eu lieu en 1930. Elle en remplace une plus ancienne, dédiée aux mêmes saints, sur la route de Compostelle et sur l'ancienne voie romaine...
Le compagnonnage du Réprouvé avec Saint Jacques, que j'ai déjà rencontré dans l'Isère (chapelle de Paquiers en Trièves et des Faures en Valjouffrey), je l'expliquerais bien parce qu'ils sont les protecteurs des voyageurs, notamment par rapport à l'élément liquide.
L'église est ouverte et il y a quelqu'un à l'accueil...
Et le Réprouvé est bien là : vitrail, fresque, et une jolie statue en bois peinte:

Quand je sors de l'église, je découvre à deux pas une autre merveille : le pont-levant qui date de 1808 et traverse le canal de l'Ourcq. Il fonctionne toujours. Il y a même la guérite du passeur !
De l'autre côté du pont un homme, sur son vélo, prie en regardant l'église, un pompier passe au petit trot chargé d'un gros sac de pains, les collégiens se chahutent, le pont se soulève pour les péniches, les piétons et les vélos ont la priorité... Il y a même un bar chic qui a pris le nom du saint mais à l'anglaise...
Une balade que je vous recommande chaudement...


On peut aussi aller voir le très joli reportage dessiné de Adjim Danngar sur sa visite de l'église en octobre 2007.

samedi 27 septembre 2008

St Christophe de Javel, 23 septembre 2008

Une église de brique et de ciment juste en face de l'Imprimerie Nationale à Paris. Il y a des croques morts devant l'église, ça veut dire que c'est ouvert... J'entre : effectivement c'est un enterrement avec peu de monde dans une immense église pleine de couleurs et de musique : de l'orgue accompagne une magnifique voix de chanteuse ...
A l'entrée un Saint Christophe de marbre blanc m'accueille.L'église est tapissée des 2 côtés par des fresques immenses et légendées, comme une bande dessinée ou une fresque du Moyen-âge, qui racontent la vie de St Christophe. L'artiste signe Jacques Martin Ferrières et il a travaillé directement sur le béton avec de la cire. L'oeuvre est monumentale, pleine de détails...
Sur le côté droit, le texte dit ceci (chaque paragraphe correspond à une image) :
Fier de sa force, le géant Reprobus décide de la mettre au service de l'être le plus puissant du monde. Mais un jour, le Prince qu'il servait se troublant au seul nom de Satan prononcé par des musiciens, Reprobus rend ses armes et dit Satan sera mon maître.
Reprobus abandonne Satan vaincu par la Croix du Christ.
Un ermite révèle au bon géant la religion du Christ et l'envoie aider les voyageurs à passer un torrent.
Une nuit un petit enfant hèle le passeur. Le bon géant porte avec aisance son précieux fardeau quand soudain ses forces le trahissent sous le poids prodigieux de l'enfant et sous la poussée des eaux démesurément grossies.L'enfant Dieu dissipe par son sourire l'angoisse du bon géant : on t'appelait le Réprouvé, je te baptise Christophe car tu as porté le Christ qui supporte le poids du monde.
La suite de l'histoire sur tout le mur de gauche raconte Christophe, converti, prêcheur et martyr jusqu'à l'ascension de sa tête décapitée vers le ciel... Le genre d'histoire qui ne m'intéresse pas beaucoup.
L'église date de 1930. Elle a été construite dans un quartier déshérité, un quartier populaire en bord de Seine, célèbre pour ses sablières et ses usines chimiques. La volonté des religieux et de l'architecte était de construire avec des moyens modernes (c'est le tout début du béton armé) une cathédrale à moindre prix (parce que préfabriquée dans des ateliers chauffés l'hiver pour limiter le chômage des maçons et permettre aux moins qualifiés d'avoir du travail)mais qui donne envie d'entrer.
Au dessus du choeur une autre peinture de St Christophe entourée d'étoiles. Je lirai plus tard que les étoiles étaient "vendues" pour payer les travaux : tous les enfants voulaient avoir "leur" étoile près de St Christophe ! Autour du saint, il y a, parait-il, représentés toutes sortes de transports contemporains, même une ... skieuse. La lumière n'était pas assez bonne pour que je les vois...
La célébration est finie, je fais quelques photos, heureusement car le prêtre commence à éteindre les lumières. Il me dit qu'il est pressé mais il réussi à me vendre une petite brochure très intéressante sur l'église et sa construction !
En sortant je découvre l'inscription au dessus de la porte et le Saint Christophe de 8 m 50 qui surplombe l'entrée.

Faites un détour par cette église : il y a d'autres Christophe cachés dans tous les coins : vitraux, horaires des messes, fresques extérieures ou le saint accompagne des coureurs automobiles...
Juste à côté étaient les usines Citroën. Jusqu'en 1960, il y avait une bénédiction des voitures mais, bouchons aidant, il a été abandonné. En 2009, la Saint Christophe sera fêtée le 20 juin !
A deux ou trois cent mètres, sous le Pont Mirabeau, coule la Seine... Et voguent encore des péniches emplies de ciment. ... " Fluctuat nec mergitur", c'est la devise qui est inscrite sur les Ponts de Paris et notamment le Pont Mirabeau. Ce n'est pas que de la littérature. La corporation qui a "fondé" la ville était celle des bateliers.

mercredi 6 août 2008

Christophe, c'est le saint patron

• des enfants, dans le Piémont, ceux qui ne marchent pas ou dont la croissance est retardée
• des sociétés de tempérance
• des portefaix à Tolède, des scieurs de long, des charpentiers, des débardeurs, des arbalétriers et tous les métiers de force...
• des fruitiers (Paris 1412) à cause du bâton de marche...
• des mariniers (sur la Somme et à Orléans)
• des villes et villages périlleux par exemple St Malo
• des mourants ...
• des voyageurs, des pélerins
• de l'Arme du Train depuis Napoléon 1er
• des chevaux et des automobilistes en Picardie : aujourd’hui son culte a repris vigueur auprès des automobilistes qui placent sa médaille dans leur voiture et qui vont en pèlerinage par exemple à Celles, Tertre ou Wasmes-Briffoeil (deuxième dimanche de juin)

mardi 29 juillet 2008

St Christophe : fils de roi, bateau-pont, porte et clé...

Sur une page dont je vous recommande la lecture, Timothy Scott s'interroge sur les raisons qui ont poussé l'Eglise Catholique a quasiment faire disparaître St Christophe du calendrier...
On y trouve de plus des éléments intéressants sur la symbolique de cette légende :
- d'abord Offerus (autre nom du Réprouvé) serait fils d'un roi païen. Ayant du mal à avoir un enfant, sa mère aurait prié la Sainte Vierge en secret. Le Roi a offert, sans doute en remerciement, son fils aux dieux Machmet et Apollon...
- dans toutes les mythologies, il y a une barque de la mort qui permet en traversant les eaux une nouvelle naissance...
- dans la tradition hindoue il est dit "que le corps humain est comme un bateau dont la première et principale utilité est de nous faire traverser l'océan de la vie et de la mort pour atteindre la rive de l'immortalité"
- comme Atlas et Hercule, Christophe et le Christ se repassent le poids du monde. Ils sont tour à tour l'axe du monde, son soleil pilier.
- Christophe c'est le passeur (la porte) et le chien-gardien (la clé). Un géant à tête de chien...
Pour compléter voici une citation du livre de Rosa Giorgi, "Les saints", à propos du tableau de Patenier : "l'iconographie nordique de la Renaissance considère le passage comme une métaphore du voyage de l'âme pour atteindre la rédemption"

Dictons, proverbes, fêtes

"Regarde Saint Christophe et va-t-en rassuré" écrit en 1930 et bien visible en 2008, au dessus de l'entrée de l'Eglise Saint Christophe de Javel à Paris.

« Qui te mane vident nocturno tempore rident. »

En Picardie, on l’invoquait autrefois pour des affections concernant le passage (coliques, accouchement) comme contre les orages, la grêle, les maux de dents etc. Aujourd’hui son culte a repris vigueur auprès des automobilistes qui placent sa médaille dans leur voiture et qui vont en pèlerinage par exemple à CELLES, TERTRE ou WASMES-BRIFFOEIL (deuxième dimanche de juin) : "REGARDE SAINT CHRISTOPHE ET VA-T’EN RASSURE ... mais sois prudent quand même" ajoute-t-on malicieusement...

St Christophe devant Notre Dame

Une fois n'est pas coutume, un simple copié collé d'un presque miracle, en tout cas d'un voeu qui a abouti à l'érection d'un gigantesque St Christophe à Paris en 1413 :
Mais la manifestation la plus concrète du culte de Saint Christophe à Paris était incontestablement l'immense statue élevée en 1413 à l'entrée de l'Eglise Notre-Dame. Ce colosse, qui représentait saint Christophe portant l'enfant Jésus sur ses épaules, mesurait 28 pieds de hauteur, le pied avait une aune de longueur, le pouce un pied de roi; il était adossé au gros pilier de l'entrée de la nef à droite. Un peu plus loin était une colonne soutenant une grande pierre carrée sur laquelle était représenté un chevalier armé de toutes pièces avec cette inscription: "C'est la représentation de noble homme Messire Anthoine des Essarts, chevalier jadis sieur de Thieux et de Glatigny, au val de Valie, conseiller et chambellan du roi nostre sire Charle VIème de ce nom, lequel chevalier fit faire ce grand image en l'honneur et remembrance de Monsieur saint (XXIII) Christophe en l'an 1413. Priez Dieu pour son âme."
Anthoine et Pierre des Essarts furent mêlés aux troubles qui agitèrent Paris pendant la Guerre de Cent Ans. Pierre eut la tête tranchée aux Halles, le 1er juillet 1413, par ordre du duc de Bourgogne. Anthoine était en prison, attendant le même sort, lorsqu'il vit en rêve Saint Christophe qui venait le délivrer. Il fit voeu, si ce rêve se réalisait, d'élever au saint une statue énorme dans l'église Notre-Dame, et mis en liberté quelque temps après, il accomplit loyalement sa promesse. Cette statue fut détruite vers la fin du dix-huitième siècle à la suite d'un accident.

lundi 21 juillet 2008

Paroisse St Christophe à Rouac, commune de Marcieu (38)

En juin, quand je suis passée, l'église romane à raz de la route était fermée; à côté le cimetière est toujours en activité. Dans l'inventaire du patrimoine (voir bibliographie), il n'est pas fait mention d'objet en rapport avec St Christophe mais...si vous savez où est la clé, je visiterais avec plaisir...
Le plus beau rapport que j'ai vu avec notre saint, c'est le magnifique vieux chemin qui descend au lac du Monteynard, lac d'un barrage sur le Drac. De l'autre côté du Drac, il y a la chapelle de Pâquiers et c'est déjà le Trièves...

Pour les touristes, cette année il a été installé deux ponts de singe, qu'on appelle aussi passerelles himalayennes qui traversent le lac. Pour voir ce que ça donne, comme si vous y étiez allez voir sur le site personnel de Olivier Dodinot.
Il y a eu une époque où l'on traversait le lac suspendu à un câble... Ceci est une reproduction de carte postale intitulée : Saint Martin de la Cluze, Passage du Drac en face de Monteynard. Je ne connais pas la date. La reproduction de la carte m'a été donnée par un habitant de St Martin de la Cluze.

dimanche 20 juillet 2008

Paroisse St Christophe, Eybens (38)

En Isère plusieurs paroisses sont sous la protection de St Christophe. Parmi elles Eybens, agglomération limitrophe de Grenoble.
A Eybens, j'ai visité l'Eglise à la recherche de référence au saint : il n'y en n'a aucune sinon un titre sur le panneau d'affichage "Paroisse St Christophe". L'église est du 19ième siècle avec de beaux vitraux du 20ième siècle presque abstraits. Seul élément de paganisme relatif : un petit autel pour la Vierge Marie avec quelques bougies et un tronc (pour payer les bougies). L'église s'enorgueillit aussi d'un orgue monumental du 20ième siècle.
L'ancienne église contenait paraît-il une croix très vénérée par les Eybinois.
Il est à remarquer, que Eybens se trouve sur l'ancienne voie romaine, Grenoble-Briançon, qui suivait, pense-t-on à peu près le même tracé que la Route Napoléon actuelle. Le passeur a donc toute sa place ici d'autant que le ruisseau d'à côté, le Verderet, est un torrent qui fait parfois des siennes. A Tavernolles, un peu au dessus, de grands bassins de rétention ont été construits pour prévenir les crues. A Eybens, le Verderet n'est plus qu'à peine visible : il est enterré à partir de l'église, ce me semble, et ne revoit la lumière que dans l'Isère, 7 à 8 km plus loin. Mais il résiste dans la toponymie et lors de la constructions de nouveau bâtiments : la nouvelle bibliothèque de Teisseire à Grenoble... Est-ce le Verderet qui abreuve les racines des deux merveilleux platanes qui poussent à côté ? Les pêcheurs de truite disent que dans le Verderet souterrain, les truites seraient plus grosses...
Des férus d'histoire locale et ou d'hydrologie en sauraient-ils plus ?

lundi 7 juillet 2008

Le bébé qui s'alourdit

Une femme de Corps qui revenait de la Salette à la tombée de la nuit, trouve un petit bébé qui pleurait au bord du chemin. Alors, la bonne femme il le prend, il le met dans son tablier et en cours de route, il trouvait qu'en marchant le bébé il devenait bien lourd. Elle à ce moment, lui a dit :
- Tu es bien lourd !
Et puis le petit lui a répondu:
-C'est le diable que tu portes !
Elle l'a posé sur le bord du chemin et ça a disparu tout d'un coup, comme ça, vé!
Recueilli à Beaufin (38) en 1959. Bien sûr, ça vient de la collecte de Charles Joisten mais ça m'avait échappé ! Un comble. A comparer à la légende du samouraï... et aux autres légendes où le fardeau qui s'alourdit est un animal.
Pour ceux qui ne sont ni dauphinois, ni très catholiques, La Salette est un sanctuaire marial que l'on visite depuis la Pologne, au moins...

Eglise de Lavaldens (38)


En juillet 2008 : l'Eglise de Lavaldens est grande ouverte sauf pour les chiens et les poules. Elle est accueillante au piéton, si l'on sait trouver la double porte à gauche de la clôture pour les animaux, mais attention en sortant aux voitures ! Si l'on suit la route juste après l'Eglise à gauche il y a la scierie, puis le pont que l'on devine sur la photo...
Dedans, entouré des vitraux de St Côme et Damien, martyr, le vitrail central représente St Christophe, dans une position moderne en tout cas conforme à la façon de porter les enfants d'aujourd'hui.
L'église (comme les vitraux ?) date de 1881. Dans les généreux donateurs on trouve les Chartreux.
A côté, il y a une cure monumentale, le cimetière, un tilleul de l'an 2000 (et la souche d'un autre qui datait peut-être de Sully ?), un rucher d'artiste, une scierie de légende (avec dedans paraît-il une scie battante), tout ça à raz du ruisseau de l'Espalier, affluent de la Roizonne qui coule un tout petit peu plus bas.


Sur le sentier, il y avait un homme qui portait un chat sur son épaule, le chat s'est échappé, ouf !...

Chapelle St Jacques St Christophe à Valjouffrey (38)


5 juillet 2008 : La Chapelle St Jacques St Christophe au hameau des Faures à Valjouffrey est fermée. Encadrée de potagers, le bassin juste devant a une utilité toute trouvée. Les salades sont apétissantes, il y a aussi de la coriandre...
La cloche sonne l'heure, les voisins ne savent pas où est la clé et sur la porte, qui ouvre au Nord, il y a une date :

La chapelle est tout près du fleuve local, La Bonne, et tout contre son affluent, le Malentraz, qui passe presque à raz de la chapelle. Il y a une petite passerelle en bois récente pour atteindre les autres maisons du hameau. Au bord du torrent il y a des traces d'anciens moulins ou et de martinets, scieries ?
Les Faures : la toponymie est en rapport avec les forges.
St Jacques associé à St Christophe ? Je connais une autre chapelle qui est passée de Christophe à Jacques puis est repassée à Christophe c'est celle de Pâquiers à St Martin de la Cluze(38)
Merci à l'équipe qui a recensé le patrimoine en Isère et notamment en Valbonnais : rien n'indique de l'extérieur qu'il s'agit d'une chapelle St Christophe.

mardi 1 juillet 2008

Saint Christophe par les Bénédictins

la version de l'histoire de St Chrisrophe trouvée dans un livre de 1951, Vie des saints, écrit par les Bénédictins de Paris, ed. Lethouzey et Ané (merci Sophie) :
"Christophe était un géant qui voulait servir les grands de ce monde. Il servit un roi puis Satan et enfin le Christ, parce qu'il était encore plus puissant. Il se fit instruire par un ermite qui lui enseigna la bonté envers son prochain. Devenu passeur au bord d'un fleuve, il met sa prodigieuse force au service des voyageurs désirant traverser un fleuve très violent. Un jour il transporta un enfant sur son dos qui lui parut de plus en plus lourd. L'enfant qui n'est autre que le Christ, lui dit qu'il est lourd parce qu'il porte le poids du monde. L'enfant lui répondit qu'il était son créateur. Pour le lui prouver, il planta son bâton dans la terre et en jaillirent alors des feuilles et des fruits. Ce maître, si grand, découvre dans ce petit enfant, le Maître qu'il a toujours cherché. Enrôlé dans l'armée impériale il refusa d'abjurer sa foi et mourut dans d'atroces souffrances."
C'est une version qui ressemble à un résumé que je publie pour... vous engager à aller voir les autres versions plus détaillées: celle de Jacques de Voragine ou la mienne... archives du mois d'avril 2008. On n'y retrouve pas la structure narrative qui m'est chère.

dimanche 8 juin 2008

Joachim Patenier, 16ième siècle

Qui pourrait m'expliquer ce que sont ces corps humains qui flottent sur l'eau ? Des morts ? Dans le guide des arts écrit par Rosa Giorgi, "Les Saints", il est dit que ce sont des noyés qu'on représente pour dire le danger qu'il y a à voyager sans la protection de St Christophe . Est-ce la seule interprétation possible ? L'ermite c'est celui qui a conseillé le Réprouvé. Toutes précisions sur les autres symboles seront les bienvenus...
Dans le livre de Mme Giorgi, il est dit aussi à propos de ce tableau "l'iconographie nordique de la Renaissance considère le passage comme une métaphore du voyage de l'âme pour atteindre la rédemption"

samedi 7 juin 2008

Jérôme Bosch

Ce tableau est visible au Musée Dobrée à Nantes : Et celui ci à Rotterdam :

vendredi 6 juin 2008

Saint Christophe en Oisans

Août 2004
Je viens raconter à la Cordée. Il pleut. L'église est ouverte. A l'entrée, il y a un amoncellement de bagages et d'adolescents. j'entre. il fait sombre. St Christophe est là. Je reconnais sa statue ou plutot sa silhouette sur l'autel principal. J'essaie au flash mais rien à faire, il fait trop noir...
Juillet 2005
Il ne pleut pas. Je vais le saluer. La lumière est bonne mais je n'ai pas mon appareil photo. Pour compenser je descends au Pont du Diable. Ce n'est pas le Vénéon que traverse ce pont mais un de ses affluents, le torrent du Diable , une sorte de cascade qui hurle juste avant le village.
Avril 2008
A distance, d'autant que la route de St Christophe est coupée la journée pour travaux après de gros éboulements, je me plonge dans "Êtres fantastiques, patrimoine narratif de l'Isère" de Charles Joisten, où je trouve, entre autres, 2 versions de la légende du Pont du Diable (photo à l'appui), dont je recopie la plus courte. Il est à remarquer qu'il y a un 2ième Pont du diable qui a été construit au dessus du premier pour faire passer les voitures :
"L'ancien Pont du diable, de St Christophe en Oisans, avait été construit par le diable auquel, en échange, les habitants avaient promis la première âme qui passerait sur le pont. Mais pour le tromper, ils y avaient fait passer un rat, suivi d'un chat, lequel était poursuivi par un chien. Le diable, furieux avait dû se contenter de ces proies". Juin 1962.

En haut le "nouveau" Pont en travaux ce printemps 2008. Au centre on devine l'arche de l'ancien pont, toujours utilisable mais à pied...
Mai 2008
Je viens raconter au Musée de l'Alpinisme mes histoires fantastiques. Dans ce petit village sont nées des dynasties de guides de haute montagne (les Rodier, les Gaspard, les Turc) et parmi eux deux Christophe Turc (le père et le fils) qui ont expérimenté, dans le cadre du secours en montagne, ce que c'était que de porter quelqu'un, mort ou vivant, à dos d'homme... Il pleut... J'ai quand même l'appareil photo et grâce à une courte éclaircie, je réussi à capturer l'image des deux ponts du Diable, le village, la statue dans l'église sans lumière... En prime je m'offre de raconter "le Réprouvé " in situ, ou presque, le Musée est juste de l'autre côté de la rue.

mardi 3 juin 2008

Hermanubis et St Christopher d'Egypte


Voici des images sur lesquelles j'aimerai en savoir plus. La première serait issue des collections du Vatican;
Dans le site toutankharton j'ai trouvé quelques explications sur ce dieu et ses attributs dans l'iconographie.
Hermanubis, croisement entre Hermes et Anubis avait ses temples jusqu'à Rome... Une fois n'est pas coutume, je cite wikip... :
" Hermanubis est une divinité hybride dont le culte a été encouragé par les Lagides. Il s'agit de la fusion d'Hermès psychopompe et d'Anubis l'embaumeur. Ainsi il accompagne les âmes des morts. Il passe pour le fils d'Osiris et de Nephtys. Ses statues sont dans les temples d'Alexandrie à côté de celles de Sarapis. Elles représentent un homme à tête de chien en armure. Hermanubis sera encore vénéré par les Romains des siècles plus tard."
Quand au St Christophe égyptien j'aimerais savoir où est l'original... Et quel rapport peut-être fait avec Hermanubis.

Pourquoi l'ours hiberne, légende suédoise

"A l'époque où Notre-Seigneur se promenait ici-bas, il lui fallut un jour traverser la rivière Cédron. La rivière étant large et profonde, il ne pouvait pas le faire à pied. Il demanda aux animaux de venir le porter, mais tout le monde refusa. Enfin l'ours vint et lui fit traverser la rivière. En récompense, il eut le droit de dormir pendant tout l'hiver."
Recueilli par O.P Petterson dans le Nord de la Suède et publié dans les contes et Légendes de Suède de Elena Bolzamo.
J'ai cherché où était le Cédron et voici :
Le Cédron ou Kidron est une vallée qui se situe en Israël entre Jérusalem et le Mont des Oliviers, et c'est un lieu souvent évoqué dans la Bible.Depuis des siècles, la vallée du Cédron est un lieu de sépultures. Durant la période hellénistique, au Ier siècle, furent érigés de magnifiques monuments funéraires, encore visibles aujourd'hui. Depuis le Moyen Âge, la tradition religieuse attribue trois de ces tombeaux à des personnages importants de l'histoire : Absalom, fils maudit du roi David ; Jacques, frère de Jésus et premier évêque de Jérusalem, et Zacharie, père de Jean-Baptiste.

lundi 2 juin 2008

Cynocéphales dans l'iconographie orientale

Une publication en ligne de Jean-Loïc LE QUELLEC : CYNOCÉPHALES ET PENTECÔTE que l'on peut consulter en ligne et qu'il résume ainsi :
Depuis le XIIIe siècle, l'iconographie orientale de la Pentecôte fait apparaître des monstres qui se convertissent lors de l'effusion du Saint-Esprit. Une série de représentations arméniennes montre un cynocéphale qui se trouve sous la chambre haute où sont réunis les disciples : il apparaît là dans l'encadrement d'une porte, d'où il harangue un groupe de personnes figurant des peuples païens supposés vivre aux limites de l' orbis terrarum. Ultérieurement, ce cynocéphale a été identifié à Trdat III, roi d'Arménie qui se convertit au IVe siècle. Or le symbolisme chrétien de l'homme-chien canidé-cannibale qui ne sait qu'aboyer mais qui, par sa conversion, gagne une âme et parle soudain «en langue », est également présent dans les légendes de Reprobus-Christophe, de saint Barthélemy (évangélisateur de l'Arménie) et de saint Mercure; il répond aux conceptions qui voient généralement dans les canidés des êtres du passage, des gardiens de la porte, et des intermédiaires entre nature et culture. Particulièrement utiles pour penser l'animalité de l'homme, ce sont aussi d'enragés propagateurs du message divin.

Anubis


C'est donc le dieu à tête de chien (ou de chacal) gardien et protecteur du royaume des morts, embaumeur, psychopompe, peseur d'âmes. Il est aussi représenté sous forme de canidé allongé. La plupart du temps de couleur noire (pour la partie canine): c'était paraît-il la couleur de la renaissance car couleur des limons fertiles du Nil... Le symbole est joli et en plus on y retrouve le fleuve...
Mais pour moi une question demeure :
Lors de la pesée des âmes des morts par Anubis, faut-il que l'âme soit légère ou bien lourde ? Et lourde de quoi ?

samedi 31 mai 2008

Xolotl, le dieu aztèque à tête de chien


Détail du tableau "l'Etreinte amoureuse de l'univers, la terre, moi, Diego et Monsieur Xolotl" de Frida Kahlo, peintre mexicaine. Elle y a peint son chien qu'elle appelait du nom d'une divinité aztèque.
Xolotl était le double, "frère jumeau ", de Quetzacoatl, le serpent à plume, le dieu blanc.
Quetzacoatl a envoyé Xolotl chez les morts chercher des ossements pour repeupler la terre d'humains... Pour finir le travail Quetzacoatl les a arrosés de son sang...
Xolotl avait une tête de chien ou de coyote, il était laid et bossu. Des figurines le représentant portant le soleil sur son dos étaient enterrées avec les morts pour les accompagner au pays des esprits.
Quetzacoatl a fini par tuer Xolotl, s'est transformé en serpent à plume pour guider les hommes vers une terre paradisiaque où il est devenu leur roi bienveillant jusqu'à ce qu'un autre dieu arrive et le chasse...
J'ai lu aussi que chez les aztèques, on sacrifiait parfois des chiens pour accompagner les morts. Il y a même une race de chien qu'on appelle xolo, race de chien sans poils, appelé aussi chien nu ou mexicain... Comme celui de Frida ?
Avec Quetzacoatl-Xolotl on a donc aussi un chien passeur de morts et de vivants...
Je ne vous cache pas que je ne suis pas du tout spécialiste de la mythologie aztèque : toute précision complémentaire sera donc la bienvenue !

Heracles, Cerbère, Charon, Hermes : proximités grecques


Claude Mellan, 16ième siècle.
La onzième ou la douzième tâche que Heracles eut à réaliser était d'aller chercher les pommes d'or des Hespérides, là où disparait le soleil. Heracles partit vers l'occident... Après moult péripéties il atteignit les portes d'or de leur jardin. Le jardin était gardé par un dragon de feu. Juste à côté se trouvait Atlas, le père des Hespérides que Zeus avait condamné à soutenir de la tête et des mains la voûte du ciel (d'autre disent que c'était la terre).
Hercule lui demande de l'aide. Atlas propose, si Hercule le remplace un moment , d'aller lui même chercher les pommes d'or. Hercule accepte et prend la voûte du ciel sur son dos. Atlas ramène les pommes d'or et propose de les ramener lui même. Hercule lui dit "d'accord mais remplace moi juste un instant le temps de me faire un bourrelet avec ma peau de lion pour soulager ma tête et amortir le poids du fardeau". Atlas reprend alors sa charge sans savoir que c'est pour l'éternité...
La dernière épreuve qu'Héraclès eut à accomplir fut de descendre aux enfers chercher le chien Cerbère qui garde la porte des enfers, empêchant les vivants d'y entrer et les morts d'en sortir...

"Quand les Ombres descendent au Tartare, dont l'entrée principale se trouve près d'un petit bois de peupliers noirs près de la mer, chacune d'elle est munie d'une pièce de monnaie que ses parents ont pieusement placée sous la langue du cadavre; Ainsi sont ils en mesure de payer l'avare Charon qui leur fait passer le Styx dans une barque délabrée... Les Ombres sans argent sont vouées à attendre éternellement sur la rive à moins qu'échappant à Hermès leur guide, elles ne parviennent à se faufiler en rampant par une issue de derrière comme à Ténaos en Laconie ou Aornos en Thesprotie.
Un chien à trois tête , ou selon certains à cinquante têtes, nommé Cerbère, garde la rive opposée du Styx prêt à dévorer les vivants qui essaieraient d'entre ou les Ombres qui tenteraient de fuir" (in les mythes grecs de Robert Graves)

vendredi 30 mai 2008

Les cynocéphales cannibales, légende d'Ukraine

"Les vieux racontent que jadis la Mort n'existait pas, les cynocéphales (êtres à tête de chien) borgnes tenaient sa place. Il arrivait que les cynocéphales, après avoir attrapé un homme, le jetaient au trou pour le nourrir de bonbons, de pains d'épice jusqu'à ce qu'il devint lisse comme un porc. Alors ils descendaient dans le trou pour palper ses côtes, pour voir si la graisse était suffisamment épaisse...
... Pour les cynocéphales manger un homme était normal.
Or les hommes se mirent à prier Dieu de leur envoyer plutôt la mort. Dieu leur fit miséricorde et envoya l'affeuse Mort munie de la faux. La Mort s'approcha des cynocéphales et les prit l'un après l'autre, si bien qu'elle les anéantit tous. Les vieux disent que la terre habitée autrefois par les cynocéphales existe toujours, mais qu'il n'en reste que très peu : ils ont disparu."
Récit recueilli en 1876 par Ja. Novickyj auprès de Herasim Xvost à Ol'ginka, district de Mariupol', gouvernement de Ekaterinoslav.
Ce texte, je l'ai trouvé dans "Aux origines du monde, contes et légendes d'Ukraine, textes réunis, annotés et traduits par Galina Kabakova.

lundi 19 mai 2008

Christophore : Encyclopédie des Symboles

Voici quelques extraits de ce que j'ai trouvé dans cette encyclopédie (L'édition française a été établie sous la direction de Michel Cazenave) à l'article :
CHRISTOPHORE ( OU SAINT CHRISTOPHE)
... l'enfant devint si lourd qu'il fit s'affaisser le géant sous l'eau et le baptisa Christophore...
Il est représenté comme un géant tenant à la main un pieu ou un bâton feuillu (symbole de la rémission des péchés par la grâce divine)...
... On peut penser que les images, datant de la fin de l'empire égyptien, du dieu à tête de chien, Anubis accompagné de l'enfant Horus ont servi de modèle à la représentation de St Christophe, ainsi que celle d'Héraclès portant sur ses épaules Eros, enfant.

Email peint : le manteau bleu


Attribué à Monvaerni (pseudonyme), 15ième siècle.
On peut cliquer sur l'image pour voir les détails : châteaux, ermite, lanterne, escalier, arbres morts ou vivants et le magnifique manteau bleu.
Image issue du Fond photographique de la Réunion des Musées Nationaux.

L'aigle, l'arbre, l'ours et St Christophe


C'est un dessin à la plume de Jacopo Bellini (15ième siècle) qui me semble étrange.
Le fleuve ne semble pas trop dangereux. L'ont-ils déjà traversé ? Je suppose qu'il sont encore sur la route qui longe le fleuve... Mais, dans ce cas, le fleuve semble surélevé...
Comme le Réprouvé semble être du côté de sa cabane je pencherais pour l'idée qu'il vient juste de "charger" l'enfant. Ils seraient donc encore du côté de l'aigle avant de se rendre dans le domaine de l'ours...
Les arbres coupés sont ils les bâtons de marche que le Réprouvé se taille (et use) pour traverser ?
S'ils sont déjà dans le fleuve alors le Réprouvé marche carrément sur l'eau...
Avez vous une autre interprétation ? Envoyez la moi !
Image issue du Fond photographique de la Réunion des Musées Nationaux.

La Vierge plaçant Jésus sur les épaules de St Christophe


Troublant, non ?
C'est une sanguine attribuée à Mazzuela Francesco Maria dit Le Parmesan.
Image issue du Fond photographique de la Réunion des Musées Nationaux.

vendredi 9 mai 2008

Les Christophe de Rubens


Rubens, peintre et diplomate, a vécu de 1577 à 1640
Extrait d'un article de Théophile Gautier paru dans la Presse en 1836 :

"Le plus beau tableau de Rubens, peut-être le plus beau tableau du monde, c’est la descente de croix de Notre-Dame d’Anvers.
J’avais passé plusieurs fois devant lui sans le voir, car les deux tableaux de Rubens, la Descente de croix et le Crucifiement, sont fermés par des volets peints en dedans et en dehors par Rubens lui-même, de sorte que chaque tableau est réellement composé de cinq tableaux ; les quatre pans du volet et le cadre du milieu.
Ces volets de la descente de croix représentent saint Christophe et un ermite en prières. Le saint Christophe est une figure colossalement monstrueuse, auprès de laquelle l’Hercule Farnèse et le Milon Crotoniate paraîtraient pulmoniques et misérables ; c’est la plus violente exagération de muscles, la débauche la plus effrenée de contours, où se soit jamais abandonné un peintre d’un génie véhément et robuste. L’ermite, pour la vigueur du clair obscur égale les plus chaudes obscurités de Rembrandt, le reflet de la lanterne qui éclaire cet effet nocturne est supérieurement traité, mais cela n’est rien auprès des magnificences intérieures..."

Dans un livre intitulé "Histoire de la vie et des ouvrages de Pierre Paul Rubens" de André Van Hasselt (1840), il est dit que ce St Christophe a été peint pour régler un litige avec les arquebusiers d'Anvers et que dans un premier temps Rubens leur a proposé trois porteurs du Christ pour le prix d'un : la descente de la Croix, la Vierge enceinte et le prêtre Siméon présentant Jésus au Temple, ce qui ne leur a pas convenu... D'autre part la figure de l'ermite avec une lampe voudrait exprimer le fait que "le passage" s'est fait la nuit.

jeudi 1 mai 2008

Le samouraï et le bébé

Un bébé qui prend du poids, conte populaire du japon recueilli, résumé et traduit par Maurice Coyaud.
En voici mon propre résumé :
C'est un samouraï qui va prendre son tour de garde de minuit à l'aube. Au dernier lacet du chemin, il distingue une femme et son bébé. Normalement à cette heure et en ce lieu, il ne doit pas y avoir de femme. La femme l'appelle par son nom et lui confie le bébé : un nouveau né minuscule de 7 à 8 livres. Il le prend malgré sa perplexité. Soudain le bébé semble avoir grossi. Il n'a pas grossi, "c'est plus lourd qu'il devient". 50, 100, 600 livres... Sur le point de flancher le samouraï murmure une prière boudhique : Namu Amida Butsu. A la 3 ième invocation l'enfant a disparu. La femme réapparait : elle remercie, elle est la déesse patronne du bourg. Une de ses paroissiennes avait un accouchement difficile, "les portes de la naissance étaient closes", par ses invocations il les a "décloses". En remerciement elle lui fait don d'une force exceptionnelle. Rentré au village il apprend que cette nuit là "un enfant était péniblement né".

mercredi 30 avril 2008

La chasse du Roi Hérode traverse l'Ain

Voici un document que m'avait communiqué André Julliard pour la création d'une bande son pour le Musée Escale Haut Rhône .
Le mot "réprouvé" y est même prononcé pour nommer... celui qui est transporté par le passeur ! Il y a une inversion également en ce qui concerne les chiens. Pour l'indexation, j'ai confondu (provisoirement ?) Hérode avec le diable pour ne pas multiplier les libellés.

Sur la rivière d’Ain, hauteur d’Ambérieu-en-Bugey, témoignage de Cafi, pontonnier (1840) : MONNIER Désiré – Traditions populaires comparées. Mythologie. Règnes de l’air et de la terre, Paris, J.-B. Dumoulin, 1854
Il y a bien quatre-vingts ans que Cafi était pontonnier et le plus intéressant narrateur de Condes. Une nuit qu’il était couché, il est réveillé par les cris : « A la barque, à la barque ! ». La nuit était froide ; on était à la veille de la Fête des Rois, c’est-à-dire précisément au cœur de l’hiver. Il en coûtait au Cafi de se lever ; il aurait volontiers envoyé au Diable l’importun voyageur. Un sentiment d’humanité le rappelle bien vite à son devoir ; il s’habille à la hâte, court à la nacelle et traverse la rivière. Là, se trouvait un grand monsieur, couvert d’un grand chapeau, armé d’un grand fusil, suivi d’une grande meute. Le personnage entre dans le bateau, il y est suivi de ses chiens, qui chargent d’un poids énorme le frêle esquif. Ces quadrupèdes l’avaient déjà tout couvert, qu’il en sautait, sautait, sautait encore, sautait toujours, tant et si bien qu’ils passaient trois cents.
En mettant pied à terre, le généreux passager, désirant récompenser dignement le zèle et le bon cœur du pontonnier, lui remplit la main de pièces d’or. Mais quand l’honnête Cafi, de retour à sa maisonnette, voulut compter les louis qu’il avait reçus, il ne trouva plus dans son gousset que des feuilles de buis ! Il se souvint alors que c’était la veille des Rois et vit bien qu’il venait d’avoir affaire à ce réprouvé d’Hérode.

dimanche 20 avril 2008

Erasme, Holbein, Eloge de la Folie

"Je reconnais authentiquement de notre farine ceux qui se plaisent à écouter ou à conter de menson­gères et monstrueuses histoires de miracles. Ils ne se lassent point d’entendre ces fables énormes sur les fan­tômes, lémures et revenants, sur les esprits de l’Enfer et mille prodiges de ce genre. Plus le fait est invraisem­blable, plus ils s’empressent d’y croire et s’en chatouillent agréablement les oreilles. Ces récits, d’ailleurs, ne servent pas seulement à charmer l’ennui des heures ; ils produisent quelque profit, et tout au bénéfice des prêtres et des prédicateurs.

Bien voisins sont les gens qui, par une folle mais douce persuasion, se figurent que la rencontre d’une statue ou d’une peinture de ce Polyphème de saint Chris­tophe les assure de ne point mourir dans la journée, ceux qui adressent à sainte Barbe sculptée les paroles prescrites qui font revenir sain et sauf de la bataille, ceux qui s’adressent à saint Érasme à certains jours, avec certains petits cierges et certaines petites prières, convaincus qu'ils feront fortune promptement." Extrait de Eloge de la Folie d'Erasme (humaniste hollandais), 1511; Dessin de Hans Holbein.

Le fardeau qui s'alourdit

Un des motifs du "Réprouvé" qui m'intéresse est celui du fardeau qui s'alourdit... quitte à donner au moins envie de renoncer (voir "Celui qui a porté la peste" sur ses épaules de Anatole Le Braz), ou d'obliger à le faire sous peine de...

Dans la classification internationale des motifs narratifs (index) ça s'appelle
"Devil becomes heavier and heavier" sous le n° G 303 3 5 3
Je n'ai rien inventé : c'est tout écrit dans le livre "Êtres fantastiques, patrimoine narratif de l'Isère". Dans ce livre qui est le recueil des récits de croyance collectés par Charles Joisten dans le département d e l'Isère de 1950 à 1975, on ne trouve pas moins de 39 variantes autour de cette histoire.
J'en ai choisi quelques unes, dont celles qui sont situés dans des communes de St Christophe : la coïncidence est amusante, n'est ce pas ! Mais il y a une ou plusieurs variantes dans chacun des village que j'ai habité... et qui ne s'appelaient pas St Christophe.

A St Christophe en Oisans, c'est l'agneau qui se fait porter et qui s'alourdit.
"Mon grand père maternel, un nommé T. de St Christophe, revenait un soir du Bourg d'Oisans et, en passant aux Fontaines Bénites, il a trouvé sur la route un agneau qui portait la marque de sa famille. Croyant que l'agneau lui appartenait et qu'il s'était égaré, il l'a pris sur ses épaules. Mais à mesure qu'il approchait de la croix du Blanchet (ou du Comptoir), l'agneau devenait plus lourd. En arrivant à la Croix il l'a posé, et l'agneau a disparu. Chez lui , il ne manquait aucune bête au troupeau. Il a pensé que c'était la Mauvaise Part, le diable." Juin 1962.

A St Christophe sur Guiers :

"Un homme de St Christophe revenait de la foire d'Entre-deux-Guiers. Sur la route, il trouve un agneau et il l'a pris. Mais en arrivant chez lui, il était si lourd qu'il ne pouvait plus le porter. Alors il l'a mis par terre et il a dit :
- Bon Dieu ! C'est le diable !
Le diable lui a répondu :
- Bien sûr que je suis le diable ! ". Avril 1960.

Et puis en voici deux de Séchilienne, le petit chat noir qui se fait porter et s'alourdit :
"Un homme des Thiébauds revenait une nuit du marché de Vizille. Arrivé au lieu dit la Menière après les Rivoirands, il a trouvé un joli petit chat noir. Il l'a ramassé et plus il montait, plus le chat devenait lourd. Arrivé au Clos de la Chèvre, l'animal lui a dit :
- Rapporte moi où tu m'as pris ou tu meurs cette nuit !
Il l'a déposé par terre et il est rentré chez lui; mais dans la nuit, il est mort de frayeur. C'était le foulaton, le diable."Août 1959
" Une femme de la Bathie qui revenait du marché, à Vizille, avait trouvé un joli chat noir, après les Rivoirands, dans le chemin. Elle l'avait pris et à mesure qu'il montait, le chat devenait lourd. Et des pierres grosses comme le bras tombaient autour d'elle. Elle avait dû rapporter le chat où elle l'avait pris; c'était le foulaton". Août 1959

Merci à Alice Joisten qui m'a mise sur la piste !

mercredi 16 avril 2008

Jacques de Voragine et la Légende Dorée

Jacques de Voragine, né entre 1225 et 1230 et mort en 1298 est l'auteur de la Légende dorée (composée avant 1264) qui est une référence obligée quand on s'intéresse aux "saints".
Il était dominicain, professeur de théologie et archevêque de Gênes. Il a exercé d'autres fonctions importantes comme Provincial de Lombardie, ambassadeur...
Sûr que ses objectifs lorsqu'il écrit la Légende dorée ne sont pas les miens lorsque je raconte le Réprouvé.
En effet "Légende "dit l'introduction, écrite par Hervé Savon dans l'édition Flammarion que j'ai répertoriée en bibliographie, "ne signifie pas ici conte ou récit fabuleux mais simplement ce qui doit être lu. L'épithète "dorée" ou plutôt "d'or", n'évoque pas les embellissements fallacieux de l'imagination mais annonce le poids et la valeur du contenu."
D'autre part Hervé Savon déclare "Les évènements passés dont il leur parle, il ne les prends ni pour des arguments, ni pour des preuves, il les traite comme la manifestation extérieure d'une réalité spirituelle" et "Le vrai sujet de la Légende dorée est le conflit dont Dieu et l'Esprit du mal sont les protagonistes et dont l'homme est à la fois le terrain, l'enjeu et l'acteur, subordonné sans doute mais irremplaçable "
Et encore (et c'est pourquoi, à moi, il me semble irremplaçable) :
"Ce sont bien souvent ces récits recueillis par Jacques de Voragine qui nous livrent la signification d'un vitrail, d'un retable ou d'une statue ".
Cette légende dorée c'est aussi une somme de motifs, d'images et de structures, que , mine de rien, les conteurs "laïcs" d'aujourd'hui utilisent toujours. La littérature populaire s'en est abreuvée, juste retour des choses, puisque Jacques de Voragine répète à de nombreuses reprises qu'il rapporte des récits populaires même s'il en fait ensuite la critique.

lundi 14 avril 2008

St Christophe dans la Légende Dorée

Voici le texte intégral, traduit du latin, du texte de Jacques de Voragine concernant la première partie de la vie du Réprouvé, jusqu'à ce qu'il change de nom... Merci aux Bénédictins qui l'ont numérisé... C'est un peu long mais c'est la source essentielle.


"Christophe, avant son baptême, se nommait Réprouvé, mais dans la suite il fut appelé Christophe, comme si on disait : qui porte le Christ, parce qu'il porta le Christ en quatre manières: sur ses épaules, pour le faire passer; dans son corps, par la macération; dans son coeur, par la dévotion et sur les lèvres, parla confession ou prédication.

Christophe était Chananéen; il avait une taille gigantesque, un aspect terrible, et douze coudées de haut: D'après ce qu'on lit eu ses actes, un jour qu'il se trouvait auprès d'un roi desChananéens, il lui vint à l’esprit de. chercher, quel était le plus grand prince du monde, et de demeurer près de lui. Il se présenta chez un roi très puissant qui avait partout la réputation de (284 )n'avoir point d'égal en grandeur. Ce roi en le voyant l’accueillit avec bonté et le fit rester à sa cour. Or, un jour, un jongleur chantait en présence du roi une chanson oit revenait souvent le nom du diable ; le roi, qui était chrétien, chaque fois qu'il entendait prononcer le nom de quelque diable, faisait de suite le signe de croix sur. sa figure. Christophe, qui remarqua cela, était fort étonné de cette action, et de ce que signifiait un pareil acte. Il interrogea le roi à ce sujet et celui-ci ne voulant pas le lui découvrir, Christophe ajouta : « Si vous ne me le dites, je ne resterai pas plus longtemps avec vous. » C'est pourquoi le roi fut contraint de lui dire : « Je me munis de ce signe, quelque diable que j'entende nommer, dans la crainte qu'il ne prenne pouvoir sur moi et ne me nuise. » Christophe lui répondit : « Si vous craignez que le diable ne vous nuise, il est évidemment plus grand et plus puissant que vous ; la preuve en est que vous en avez une terrible frayeur. Je suis donc bien déçu dans mon attente ; je pensais avoir trouvé le, plus grand et le plus puissant seigneur du monde ; mais maintenant je vous fais mes adieux, car je veux chercher le diable lui-même, afin de le prendre pour mon maître et devenir son serviteur. » Il quitta ce roi et se mit en devoir de chercher le diable. Or, comme il marchait au milieu d'un désert, il vit une grande multitude de soldats, dont l’un, à l’aspect féroce et terrible, vint vers lui et lui demanda où il allait. Christophe lui répondit: «Je vais chercher le seigneur diable, afin de le prendre pour maître et seigneur. » Celui-ci lui dit: « Je suis celui que tu cherches. » Christophe tout réjoui s'engagea pour être son (285) serviteur à toujours et le prit pour son seigneur. Or, comme ils marchaient ensemble, ils rencontrèrent une croix élevée sur un chemin public. Aussitôt que le diable eut aperçu cette croix, il fut effrayé, prit la fuite et, quittant le chemin, il conduisit Christophe à travers un terrain à l’écart et raboteux, ensuite il le ramena sur la route. Christophe émerveillé de voir cela lui demanda pourquoi il avait manifesté tant de crainte, lorsqu'il quitta la voie ordinaire, pour faire un détour, et le ramener ensuite dans le chemin: Le diable ne voulant absolument pas lui en donner le motif, Christophe dit : « Si vous ne me l’indiquez, je vous quitte à l’instant. » Le diable fut forcé de lui dire : « Un homme qui s'appelle Christ fut attaché à la croix; dès que j e vois l’image de sa croix, j'entre dans une grande peur, et m’enfuis effrayé. » Christophe lui dit : « Donc ce Christ est plus grand et plus puissant que toi, puisque tu as une si brande frayeur en voyant l’image de sa croix? J'ai donc travaillé en vain, et n'ai pas encore trouvé le plus grand prince- du monde. Adieu maintenant, je veux te quitter et chercher ce Christ. »

Il chercha longtemps quelqu'un qui lui donnât des renseignements sur le Christ; enfin il rencontra un ermite qui lui prêcha J.-C. et qui l’instruisit soigneusement de la foi. L'ermite dit à Christophe : « Ce roi que tu désires servir réclame cette soumission : c'est qu'il te faudra jeûner souvent.» Christophe lui répondit : « Qu'il me demande autre chose, parce qu'il m’est absolument impossible de faire cela. » « Il te faudra encore, reprend l’ermite, lui adresser des prières. » « Je ne sais ce que s'est, répondit Christophe, et je ne (286) puis me soumettre à cette exigence.» L'ermite lui dit: « Connais-tu tel fleuve où bien des passants sont en péril de perdre la vie? » « Oui, dit Christophe. L'ermite reprit: « Comme tu as une haute stature et que tu es fort robuste, si tu restais auprès de ce fleuve, et si tu passais tous ceux qui surviennent, tu ferais quelque chose de très agréable au roi J.-C. que tu désires servir, et j'espère qu'il se manifesterait à toi en ce lieu. » Christophe lui dit ; « Oui, je puis bien remplir cet office, et je promets que je m’en acquitterai pour lui. » Il alla donc au fleuve dont il était question, et s'y construisit un petit logement. Il portait à la main au lieu de bâton une perche avec laquelle il se maintenait dans l’eau ; et il passait. sans relâche tous les voyageurs. Bien des jours s'étaient écoulés, quand, une fois qu'il se reposait dans sa petite maison, il entendit la voix d'un petit enfant qui l’appelait en disant: « Christophe, viens dehors et passe-moi. » Christophe se leva de suite, mais ne trouva personne. Rentré chez soi, il entendit la même voix qui l’appelait. Il courut de,lors de nouveau et ne trouva personne. Une troisième fois il fut appelé comme auparavant, sortit et trouva sur la rive du fleuve un enfant qui le pria instamment de le passer. Christophe leva donc l’enfant sur ses épaules, prit son bâton et entra dans le fleuve pour le traverser. Et voici que l’eau du fleuve se gonflait peu à peu, l’enfant lui pesait comme une masse de plomb ; il avançait, et l’eau gonflait toujours, l’enfant écrasait de plus en plus les épaules de Christophe d'un poids intolérable, de sorte que celui-ci se trouvait dans de grandes angoisses et, craignait de périr. (287) Il échappa à grand peine. Quand il eut franchi la rivière, il déposa l’enfant sur la rive et lui dit : Enfant, tu m’as exposé à un grand danger, et tu m’as tant pesé que si j'avais eu le monde entier sur moi, je ne sais si j'aurais eu plus lourda porter. » L'enfant lui répondit : « Ne t'en étonne pas, Christophe, tu n'as pas eu seulement tout le monde sur toi, mais tu as porté sur les épaules celui qui a créé le monde : car je suis le Christ ton roi, , auquel tu as en cela rendu service; et pour te prouver que je dis la vérité, quand tu seras repassé, enfonce ton bâton en terre vis-à-vis ta petite maison, et le matin tu verras qu'il a. fleuri et porté des fruits, » A l’instant il disparut. En arrivant, Christophe ficha. donc son bâton en terre, et quand il se leva le matin, il trouva que sa perche avait poussé des feuilles, et des dattes comme un palmier."

Pour la suite de la légende se référer au texte en livre ou en ligne...
La Légende dorée , nouvellement traduite en français, avec introduction, notes et notices sur les sources de L'ABBÉ J.-B. M. ROZE, Chanoine Honoraire de la cathédrale d'Amiens
ÉDOUARD ROUVEYRE, PARIS MDCCCCII
© Numérisation Abbaye Saint Benoît de Port-Valais en la fête de la chaire de Saint Pierre 22 février 2004

dimanche 13 avril 2008

Structure narrative, de plus en plus fort

La première partie de la Légende de St Christophe raconte la quête du Réprouvé : il veut se mettre au service du plus fort du monde. Ainsi il passe du roi au roi le plus puissant, puis au diable et enfin au Christ.
Il y a une cumulation ascendante des éléments rencontrés : une échelle.
Cette structure "verticale" rappelle fortement celle qui est définie dans le catalogue AArne et Thomson sous le numéro AT 2031 Stronger and Strongest.
Mais le AT 2031B (Abraham learns to worship God. At nightfall Abraham worships a star, then the moon, then the sun, and finally gives up idolatry) convient encore mieux !
Cette structure est souvent utilisée dans l'enseignement des religions monothéistes :
- "Un cabri que mon père avait acheté pour deux zouz " (rituel de la religion juive)
- "Les 10 ou 11 choses les plus fortes du monde" (récit populaire des Flandres)
- "La sourate 6" du Coran, (les bestiaux/le bétail) versets 74-79 dont voici le texte
74 (rappelle le moment) où Abraham dit à 'Azar, son père : "prends- tu des idoles comme divinités? Je te vois toi et ton peuple dans un égarement évident!"
75 Ainsi avons- Nous montré à Abraham le royaume des cieux et de la terre afin qu'il fut de ceux qui croient avec conviction.
76 Quand la nuit l'enveloppa, il observa une étoile , et dit : " voilà mon Seigneur!" Puis lorsqu'elle disparut, il dit "Je n'aime pas les choses qui disparaissent".
77 Lorsqu'ensuite il observa la lune se levant, il dit "voilà mon Seigneur!" puis lorsqu'elle disparut, il dit :"si mon Seigneur ne me guide pas, je serai certes du nombre des gens égarés".
78 Lorsqu'ensuite il observa le soleil levant, il dit : " voilà mon Seigneur! Celui ci est plus grand" puis lorsque le soleil disparut, il dit : "O mon peuple, je désavoue tout ce que vous associez à Allah.
79 Je tourne mon visage exclusivement vers Celui qui a créé (à partir du néant) les cieux et la terre; et je ne suis point de ceux qui lui donnent des associés."

Dans les religions polythéistes et dans les récits populaires sans connotation religieuse, c'est, à partir du même point de départ, "la recherche du plus fort", un voyage généralement circulaire qui s'effectue. Exemple : à force de vouloir le plus puissant du monde comme époux pour sa fille souris, le père passe du soleil au nuage, du nuage au vent, du vent à la tour et de la tour au souriceau qui la ronge . Ou encore, le fils de mineur qui veut être le plus fort du monde redevient finalement mineur après avoir été soleil, nuage et montagne.

Dans le jargon des "conteurs contemporains", nous appelons ce genre de récits des randonnées... La promenade continue !

Celui qui porta la peste sur les épaules

Dans " La Légende de la Mort chez les Bretons Armoricains" de Anatole Le Braz, 1922

"Un vieux de Plestin, la rencontra un soir sur les bords du Douron. Elle était assise sur la berge, regardant l'eau couler. Elle venait de Lanmeur qu'elle avait dépeuplé et se rendait dans le pays de Lannion.
- Hé vieux! cria-t-elle, auriez vous l'obligeance de me prendre sur vos épaules pour me faire passer l'eau ? Je vous en récompenserais bien.
Le vieux qui ne la connaissais pas y consentit.
L'ayant chargée sur ses épaules, il entra dans la rivière. Mais, à mesure qu'il avançait, il la sentait peser sur lui d'un poids plus lourd.
A la fin, épuisé, le courant étant très fort, il dit :
- Ma foi, bonne dame, je vais vous planter là. Je ne tiens pas à me noyer pour vous.
- De grâce, ne fais pas cela. Ramène moi plutôt à l'endroit où tu m'as prise.
- Soit.
Et il rebroussa chemin, sans trop de peine, son fardeau s'allégeant à mesure qu'il se rapprochait du rivage.
Le pays de Lannion fut ainsi préservé de la peste.
Mais si le vieux avait laissé tomber la vilaine groach (fée) au beau milieu de la rivière, comme il en avait d'abord eu l'intention, le monde eût été débarassé d'elle à jamais."
Raconté par le père de Anatole Le Braz.