dimanche 6 septembre 2009

Chapelle et Pont Saint Christophe à Lorient

Il y a un descriptif de cette chapelle sur le site de la ville de Lorient... et comme je passais par là, je suis allée voir...
Il y a aussi un article de Daniel Faurie  encore plus complet à cette adresse, avec des dessins de l'auteur et des anecdotes... Et notamment la mention d'un pardon pour les enfants chétifs autour du 6 mai...
Quand on arrive de Lanester, et qu'on va traverser le Scorff (une rivière affluente du Blavet où la marée remonte allègrement), on la voit la chapelle, dépassant d'un fourmillement d'arbre. De près je verrai qu'il y s'agit surtout un énorme frêne... Au pied il y a le pont St Christophe, quelques petites embarcations amarrées, une voie rapide, de croquignolettes maisons du début du 20ième siècle... La photo ci dessus est prise de Lorient en direction de Lanester.
J'avais lu, quelques jours auparavant dans le Guide du Morbihan publié chez Gallimard que "... le sanctuaire du 15ième siècle aurait jadis abrité une grande statue creuse du saint où l'on cachait des marchandises de contrebande"
Dans le Guide du Routard "Bretagne Sud" de 2002-2003, il est dit carrément que la chapelle est l'ancienne maison du passeur sur le Scorff. Le raccourci temporel me donne le vertige !
De quoi mettre l'eau à la bouche, tout de même... On s'enfile donc dans une impasse (pour les voitures) et là, première surprise :Le prénom du saint est traduit en langue locale, pas si loin des Cristoly d'Aquitaine ou du Gard, d'ailleurs.
Sur la placette tranquille la chapelle est imposante et... close. La voisine dit que la chapelle n'est ouverte que pour quelques rares spectacles. Dommage ! Je devrai me contenter des description sur le site de la ville : des vitraux du 20ième siècle racontant la vie du saint.Mais ce perchoir avec vue imprenable sur la rivière à qui était-il utile ? Passeur, douanier, contrebandier, prêtre ? Si des Lorientais en savait plus...
Quelques mois plus tard (janvier 2010), je découvre sur internet l'existence d'une statue de St Christophe (en bois, oeuvre de Alphonse Brun) dans l'Eglise de la Bonne Nouvelle à Lorient. C'est dans le même quartier, la même paroisse, un peu plus loin du Scorff quand même.

dimanche 2 août 2009

A Vendôme (41)

Dans l'église abbatiale de la Trinité à Vendôme, il y a la chapelle des saints du Vendômois , dans laquelle apparaissent, l'un à côté de l'autre (vitraux de gauche): St Michel, St Jacques (habillé en pèlerin) et St Christophe. Le motif iconographique qui les rassemble est frappant : tous trois portent "un long bâton" dirigé vers le sol... Les vitraux sont du 15ième siècle.
Vendôme est sur la route de Compostelle. Il y a, à deux pas de l'abbatiale une chapelle Saint Jacques construite sur l'emplacement d'un ancien Hotel Dieu qui accueillait les pèlerins malades. Vendôme est une ville parcourue par l'eau du Loir, un petit bijou de ville qui me fait penser à un livre d'images... La promenade en barque y est rafraichissante.

A vendre...

A Saint Denis (93) où sont enterrés les rois de France, je n'ai pas trouvé (mais peut-être y est-il ?) de représentation de Saint Christophe ailleurs que dans la vitrine de la marchande de souvenirs pieux. Il y était même en double exemplaire, en compagnie de ce que j'imagine être Sainte Anne et Saint Joseph (eux aussi accompagnés d'enfants) et du Jésus qui montre son sacré coeur (le patron des cardiologues ?)
Celui que porte Christophe porte, lui, le monde. Le prix semblait être de 20 euros.

mardi 30 juin 2009

Charon traverse le Styx, une peinture du 16ième siècle

Charon, fils des Ténèbres et de la Nuit, vieillard à l'aspect sale et repoussant, "le nocher des enfers" choisit les morts qu'il veut y emporter... Ceux qui ne sont pas choisis ou qui n'ont pas leur obole (une pièce placée sous la langue) sont condamnés à errer 100 ans sur les bords du Styx.
Ce qui me frappe sur ce tableau, c'est la ressemblance avec les Saint Christophe du même peintre : Joachim Patenier (16ième siècle) et notamment celui dont j'ai déjà parlé en juin 08. Certes, il a peint beaucoup de paysages avec fleuves mais...... on peut remarquer que Charon est aussi représenté comme un géant et que si Christophe traverse toujours avec l'enfant de droite à gauche, Charon traverse les morts en sens inverse... Et, en arrière plan, ces barques qui semblent contenir des cadavres dans le "St Christophe" n'attendent-elles pas que le passeur les emmènent ?
Quoiqu'il en soit on pourrait se demander aussi, si l'enfant, lui, ne vient pas de l'enfer. Et si ma divagation de ce soir vous parait fumeuse, considérez que ce n'est qu'une histoire de plus...

La barque de Saint Julien le pauvre de Georges Jeanclos


Georges Jeanclos (1933-1997) a créé ce qu'il appelait "des dormants" en argile. Tapez son nom dans un moteur de recherche et vous en verrez d'autres...

samedi 27 juin 2009

Les planches courbes, poème en prose de Yves Bonnefoy

Ce poème écrit en 1998 donne son nom au recueil éponyme paru en 2001 chez Gallimard. Ces quatre pages sont au programme des lycées, et ont donc été abondamment commentées.
Non, vous n'aurez pas l'intégrale du texte en ligne mais franchement on peut trouver le livre très facilement et pour pas cher...
Mais oui, voici ce qu'il me semble raconter :
Un géant est debout dans une barque au bord d'un fleuve la nuit. Un enfant apparaît porteur d'une pièce de cuivre, l'enfant veut traverser la rivière. Le géant lui demande son nom. L'enfant ne sait pas répondre. Il ne sait pas non plus ce qu'est un père ou une mère. Le géant vient le chercher sur la rive et le porte dans sa barque. Il pousse la barque au large. L'enfant demande au géant d'être son père. Le géant refuse et la barque commence à s'enfoncer dans l'eau, le géant toujours tenant l'enfant se met à nager "dans un espace sans fin", ce que j'interprète comme la mort ou en tout cas un autre monde...
En ce qui concerne le récit, le lien avec notre sujet (St Christophe) est clair même si certains enchaînements sont inversés : le passeur questionne l'enfant avant de l'embarquer, le passeur est un géant, le passeur porte l'enfant sur ses épaules, l'eau monte et met leur vie en jeu...
Mais après relecture de "La légende de Saint Julien l'hospitalier" de Flaubert, et de St Julien le pauvre de Jacques de Voragine, la parenté avec Julien devient évidente, elle aussi, notamment en ce qui concerne la barque et la boue. Si c'est une personne adulte que Julien aide, c'est aussi une personne qui a toutes les apparences de la faiblesse. Et le voyage se termine également par ce qui me semble une mort extatique.
La présence de Charon, le passeur des morts, est sous-jacente dans la pièce de cuivre que l'enfant a apporté pour payer son voyage.
Dans les autres poèmes du recueil, dont les sujets sont, à première vue, différents, les micros motifs que l'ont peut rattacher à ces deux légendes hagiographiques et au conte de Flaubert sont extrêmement nombreux : le fleuve, la boue, la barque, le creux de la barque, la courbe des planches, le rivage, la lampe qui guide, la pauvreté du passeur, la nuit, les corps qui se touchent, il y a même un lépreux...
Et aussi cette belle image dans "Le leurre des mots" :
A la poupe est le nautonier plus grand que le monde...
L'auteur d'un blog (Noël Pecout ?) m'a envoyé l'adresse d'un article sur ce poème . L'intitulé de l'article est assez joli : "Fleuves de boue, fleuve d'étoiles, barque et vieux haillons. Rêverie sur un sujet légendaire, souvent traité par la peinture et la sculpture, la légende de Saint Christophe..."
Un autre article peut aussi se lire en ligne mais si vous cherchez Yves Bonnefoy ou "Les planches courbes", sur un moteur de recherche vous trouverez peut-être même la vidéo où le poète parle de son travail (je n'ai pas réussi à la visualiser)
Yves Bonnefoy est un auteur bien vivant, que je remercie d'avoir remis au jour (inventé) ces trésors légendaires qui, décidément collent au corps et à la littérature.

vendredi 26 juin 2009

Deux contes Gascons où l'on porte Saint Pierre de l'autre côté de l'eau

Dans les Contes populaires de la Gascogne (Jean François Bladé), ou dans Les contes du Vieux Cazaux (même auteur, Féderop 1995) on peut trouver le motif du passeur dont le fardeau est trop lourd. Les contes de Bladé ont été publié en 1886. En ce qui concerne le motif qui nous intéresse pour sa proximité avec la légende de Saint Christophe, il s'agit d'un des épisodes du long conte, intitulé "L'épée de Saint Pierre" où le héros, fils de roi part à la recherche de l'épée de Saint Pierre pour tuer le roi païen qui a épousé sa mère. Sur sa route il croise un pivert, puis sept lézards à qui il rend service ...
... Enfin la nuit de Noël arriva. Il glaçait, et la lune brillait sur la campagne blanche de neige. Le fils du roi se disait : "le temps marqué par les sept lézards est venu. Marche, marche toujours, jusqu'à ce que tu saches où trouver l'épée de Saint Pierre." À minuit il s’arrêta tout proche d’une rivière. Au bord de l’eau grelottait un vieux pauvre à barbe grise. “Bonsoir, pauvre. Mauvais temps pour voyager. Tu grelottes. Tiens : bois un coup, à ma gourde, cela te réchauffera.”
Le vieux pauvre but un coup à la gourde, et ne grelotta plus. “Merci mon ami. Maintenant porte-moi de l’autre côté de l’eau. – Avec plaisir, pauvre. Monte sur mon dos et tiens-toi ferme. Jésus ! Tu ne pèses pas plus qu’une plume. – Patience, je pèserai davantage au milieu de l’eau. – C’est vrai. Jésus ! Tu m’écrases ! – Patience, sur l’autre bord je ne pèserai pas plus qu’une plume. – C’est vrai. Tiens, pauvre, te voilà passé. Bois encore un coup à ma gourde et que le bon Dieu te conduise !
– Jeune homme, je ne suis pas un pauvre, je suis saint Pierre. Jeune homme, tu m’as fait un grand service. Je te paierai selon mon pouvoir…”
La saison à laquelle se passe cet épisode me fait penser à la légende du Roi Hérode qui traverse l'Ain par une nuit glaciale de janvier, celle de l'Epiphanie.

Dans un autre conte recueilli également par Jean François Bladé en Gascogne, la belle Madeleine rencontre trois vieux pauvres au bord d’une rivière, elle les passe sur son dos. Puis les trois vieux pauvres se trouvent être saint Jean, saint Pierre et le bon Dieu. Ils promettent à la belle Madeleine de récompenser sa charité.

Saint Julien L'Hospitalier, un conte de Flaubert

Extraits de la fin du conte tel qu'il a été écrit, dit Flaubert, d'après le vitrail de la Cathédrale de Rouen mais s'il vous plait allez le lire intégralement par exemple sur le site rouen-histoire.com. On peut également faire des rapprochements avec la légende du Roi Hérode qui traverse l'Ain, publiée en 1854.
Le conte de Flaubert a, lui, été écrit en 1876 et publié en 1877. Et Yves Bonnefoy, pour "Les planches courbes" (1998) s'est sans doute (?) inspiré de Flaubert.

... Ainsi, portant le poids de son souvenir, il (Julien) parcourut beaucoup de pays ; et il arriva près d'un fleuve dont la traversée était dangereuse, à cause de sa violence et parce qu'il y avait sur les rives une grande étendue de vase. Personne depuis longtemps n'osait plus le passer.
Une vieille barque, enfouie à l'arrière, dressait sa proue dans les roseaux. Julien en l'examinant découvrit une paire d'avirons; et l'idée lui vint d'employer son existence au service des autres... il se fit une cahute avec de la terre glaise et des troncs d'arbres.
Le passage étant connu, les voyageurs se présentèrent. Ils l'appelaient de l'autre bord, en agitant des drapeaux...
Une petite table, un escabeau, un lit de feuilles mortes et trois coupes d'argile, voilà tout ce qu'était son mobilier...
Des mois s'écoulaient sans que Julien vît personne...
Une nuit qu'il dormait, il crut entendre quelqu'un l'appeler. Il tendit l'oreille et ne distingua que le mugissement des flots.
Mais la même voix reprit :
« Julien ! »
Elle venait de l'autre bord, ce qui lui parut extraordinaire, vu la largeur du fleuve.
Une troisième fois on appela :
« Julien! »
Et cette voix haute avait l'intonation d'une cloche d'église.
Ayant allumé sa lanterne, il sortit de la cahute. Un ouragan furieux emplissait la nuit. Les ténèbres étaient profondes, et çà et là déchirées par la blancheur des vagues qui bondissaient.Après une minute d'hésitation, Julien dénoua l'amarre. L'eau, tout de suite, devint tranquille, la barque glissa dessus et toucha l'autre berge, où un homme attendait.
Il était enveloppé d'une toile en lambeaux, la figure pareille à un masque de plâtre et les deux yeux plus rouges que des charbons. En approchant de lui la lanterne, Julien s'aperçut qu'une lèpre hideuse le recouvrait; cependant, il avait dans son attitude comme une majesté de roi.
Dès qu'il entra dans la barque, elle enfonça prodigieusement, écrasée par son poids; une secousse la remonta; et julien se mit à ramer.A chaque coup d'aviron, le ressac des flots la soulevait par l'avant. L'eau, plus noire que de l'encre, courait avec furie des deux côtés du bordage. Elle creusait des abîmes, elle faisait des montagnes, et la chaloupe sautait dessus, puis redescendait dans des profondeurs où elle tournoyait, ballottée par le vent.
Julien penchait son corps, dépliait les bras, et, s'arc-boutant des pieds, se renversait avec une torsion de la taille, pour avoir plus de force. La grêle cinglait ses mains, la pluie coulait dans son dos, la violence de l'air l'étouffait, il s'arrêta. Alors le bateau fut emporté à la dérive. Mais, comprenant qu'il s'agissait d'une chose considérable, d'un ordre auquel il ne fallait pas désobéir, il reprit ses avirons; et le claquement des tolets coupait la clameur de la tempête.
La petite lanterne brûlait devant lui. Des oiseaux, en voletant, la cachaient par intervalles. Mais toujours il apercevait les prunelles
du Lépreux qui se tenait debout à l'arrière, immobile comme une colonne.
Et cela dura longtemps, très longtemps !
Quand ils furent arrivés dans la cahute, Julien ferma la porte; et il le vit siégeant sur l'escabeau. L'espèce de linceul qui le recouvrait était tombé jusqu'à ses hanches; et ses épaules, sa poitrine, ses bras maigres disparaissaient sous des plaques de pustules écailleuses. Des rides énormes labouraient son front. Tel qu'un squelette, il avait un trou à la place du nez; et ses lèvres bleuâtres dégageaient une haleine épaisse comme un brouillard, et nauséabonde.
- « J'ai faim! » dit-il.
Julien lui donna ce qu'il possédait, un vieux quartier de lard et les croûtes d'un pain noir.
Quand il les eut dévorés, la table, l'écuelle et le manche du couteau portaient les mêmes taches que l'on voyait sur son corps.
Ensuite, il dit : « J'ai soif! »
Julien alla chercher sa cruche; et, comme il la prenait, il en sortit un arôme qui dilata son cœur et ses narines. C'était du vin; quelle trouvaille! mais le Lépreux avança le bras, et d'un trait vida toute la cruche.
Puis il dit : « J'ai froid! »
Julien, avec sa chandelle, enflamma un paquet de fougères, au milieu de la cabane.
Le Lépreux vint s'y chauffer; et, accroupi sur les talons, il tremblait de tous ses membres, s'affaiblissait; ses yeux ne brillaient plus, ses ulcères coulaient, et d'une voix presque éteinte, il murmura : « Ton lit! »
Julien l'aida doucement à s'y traîner, et même étendit sur lui, pour le couvrir, la toile de son bateau.
Le Lépreux gémissait. Les coins de sa bouche découvraient ses dents, un râle accéléré lui secouait la poitrine, et son ventre, à chacune de ses aspirations, se creusait jusqu'aux vertèbres. Puis il ferma les paupières.
- « C'est comme de la glace dans mes os! Viens près de moi ! »
Et Julien, écartant la toile, se coucha sur les feuilles mortes, près de lui, côte à côte.
Le Lépreux tourna la tête.
- « Déshabille-toi, pour que j'aie la chaleur de ton corps!»
Julien ôta ses vêtements ; puis, nu comme au jour de sa naissance, se replaça dans le lit; et il sentait contre sa cuisse la peau du Lépreux, plus froide qu'un serpent et rude comme une lime.
Il tâchait de l'encourager; et l'autre répondait, en haletant
« Ah! je vais mourir!... Rapproche-toi, réchauffe-moi! Pas avec les mains! non ! toute ta personne. »
Julien s'étala dessus complètement, bouche contre bouche, poitrine sur poitrine.
Alors le Lépreux l'étreignit ; et ses yeux tout à coup prirent une clarté d'étoiles ; ses cheveux s'allongèrent comme les rais du soleil; le souffle de ses narines avait la douceur des roses; un nuage d'encens s'éleva du foyer, les flots chantaient. Cependant une abondance de délices, une joie surhumaine descendait comme une inondation dans l'âme de Julien pâmé; et celui dont les bras le serraient toujours grandissait, grandissait, touchant de sa tête et de ses pieds les deux murs de la cabane. Le toit s'envola, le firmament se déployait; - et Julien monta vers les espaces bleus, face à face avec Notre-Seigneur Jésus, qui l'emportait dans le ciel.
Et voilà l'histoire de saint Julien l'Hospitalier, telle à peu près qu'on la trouve, sur un vitrail d'Église, dans mon pays.

Légende de St Julien le Pauvre, Jacques de Voragine

St Julien le Pauvre était aussi un passeur... C'est comme ça qu'il a sauvé son âme... Cet épisode de sa vie est très proche de la légende de Saint Christophe. La légende de Saint Julien dit "l'hospitalier" a inspiré un vitrail très connu de la Cathédrale de Rouen mais aussi Flaubert et sans doute aussi Yves Bonnefoy.... mais ce sera l'objet d'autres articles. On ne peut pas, non plus, ne pas faire le lien avec la légende de Cafi le Pontonnier"l

Voici donc la légende ,d'après Jacques de Voragine, 13ième siècle, du quatrième des cinq Saint Julien , connu sous le nom de Julien le Pauvre et fêté le 12 Février :
On trouve encore un autre Julien qui tua son père et sa mère sans le savoir. Un jour, ce jeune noble prenait le plaisir de la chasse et poursuivait un cerf qu'il avait fait lever, quand tout à coup le cerf se tourna vers lui miraculeusement et lui dit : " Tu me poursuis, toi qui tueras ton père et ta mère ? " Quand Julien eut entendu cela, il fut étrangement saisi, et dans la crainte que tel malheur prédit par le cerf lui arrivât, il s'en alla sans prévenir personne, et se retira dans un pays fort éloigné, où il se mit au service d'un prince; il se comporta si honorablement partout, à la guerre, comme à la cour, que le prince le fit son lieutenant et le maria à une châtelaine veuve, en lui donnant un château pour dot. Cependant, les parents de Julien, tourmentés de la perte de leur fils, se mirent à sa recherche en parcourant avec soin les lieux où ils avaient l'espoir de le trouver. Enfin ils arrivèrent au château dont Julien, était le seigneur : Pour lors saint julien se trouvait absent. Quand sa femme les vit et leur eut demandé qui ils étaient, et qu'ils eurent raconté tout ce qui était arrivé à leur fils, elle reconnut que c'était le père et la mère de son époux, parce qu'elle l'avait entendu souvent lui raconter son histoire. Elle les reçut donc avec bonté, et pour l'amour de son mari, elle leur donne son lit et prend pour elle une autre chambre. Le matin arrivé, la châtelaine alla à l'église; pendant ce temps, arriva Julien qui entra dans sa chambre à coucher comme pour éveiller sa femme; mais trouvant deux personnes endormies, il suppose que c'est sa femme avec un adultère, tire son épée sans faire de bruit et les tue l'un et l'autre ensemble. En sortant de chez soi, il voit son épouse revenir de l'église; plein de surprise, il lui demande qui sont ceux qui étaient couchés dans son lit : " Ce sont, répond-elle, votre père et votre mère qui vous ont cherché bien longtemps et que j'ai fait mettre en votre chambre. " En entendant cela, il resta à demi mort, se mit à verser des larmes très amères et à dire : " Ah! malheureux! Que ferais-je ? J'ai tué mes bien-aimés parents. La voici accomplie, cette parole du cerf; en voulant éviter le plus affreux des malheurs, je l'ai accompli. Adieu donc, ma chère sueur, je ne me reposerai désormais que je n'aie su que Dieu a accepté ma pénitence. " Elle répondit : " Il ne sera pas dit, très cher frère, que je te quitterai; mais si j'ai partagé tes plaisirs, je partagerai aussi ta douleur. " Alors, ils se retirèrent tous les deux sur les bords d'un grand fleuve, où plusieurs perdaient la vie, ils y établirent un grand hôpital où ils pourraient faire pénitence; sans cesse occupés à faire passer la rivière à ceux qui se présentaient, et à recevoir tous les pauvres. Longtemps après, vers minuit, pendant que julien se reposait de ses fatigues et qu'il y avait grande gelée, il entendit une voix qui se lamentait pitoyablement et priait julien d'une façon lugubre, de le vouloir passer. A peine l'eut-il entendu qu'il se leva de suite, et il ramena dans sa maison un homme qu'il avait trouvé mourant de froid; il alluma le feu et s'efforça de le réchauffer, comme il ne pouvait réussir, dans la crainte qu'il ne vînt à mourir, il le porta dans son petit lit et le couvrit soigneusement. Quelques instants après, celui qui paraissait si malade et comme couvert de lèpre se lève blanc comme neige vers le ciel, et dit à son hôte : " Julien, le Seigneur m'a envoyé pour vous avertir qu'il a accepté votre pénitence et que dans peu de temps tous deux vous reposerez dans le Seigneur. " Alors il disparut, et peu de temps après Julien mourut dans le Seigneur avec sa femme, plein de bonnes oeuvres et d'aumônes.
Traduction J.-B. M. Roze
GARNIER-FLAMARION, Paris, 1967.
Les estampes datent du 18 et 19ième siècle

Une traduction de la légende de St Christophe par frère Jehan du Vignay, 1554

Voici un extrait savoureux de la traduction de frère Jehan du Vignay, publiée en 1554.
« L’hermite dit à Christofle : “Sçais-tu tel fleuve ? ” Et Christofle lui dist : “Moult de gens y passent qui y périssent.” Et l’hermite lui dit : “Tu es de noble stature et fort vertueux ; se tu demouroys delez ce fleuve et y passoys tous les gens, ce seroit moult aggreable chose à Dieu. Et i’ay esperance à celluy que tu convoites servir qu’il s’apparoistra à toy ” Et Christofle lui dit : “Certes ce service puis-ie bien faire, et si te promets que ie le feray.”
Adonc s’en alla Christofle à ce fleuve et feit là un habitacle pour luy ; et portoit une grande perche en lieu de baston et s’apuyoit en l’eaue d’icelle, et portoit oultre toutes gens sans cesser et là fut plusieurs iours.
Et si comme il se dormoit en sa maisonnette, il ouït la voix d’un enfant qui l’appeloit et disoit : “Christofle, viens hors, et me porte oultre.”
Et lors s’esveilla, et il yssit hors, mais ne trouva âme. Et quand il fut en la maison, il ouyt arriere une mesme voix et courut hors et ne trouva nul. Tiercement il fut appelé et vint là ; si trouva un enfant delez la rive du fleuve qui luy pria doulcement qu’il le portast outre l’eaue. Et lors Christofle leva l’enfant sur ses espaules et print son baston et entra au fleuve pour le passer oultre ; et l’eaue s’enfla petit à petit, et l’enfant pesoit griefvement comme plomb. Et tant comme il alloit plus avant, de tant croissait plus l’eaue et l’enfant pesoit de plus en plus sur ses espaules, si que Christofle avoit moult grans angoisses, et se doubtoit fort de noyer. Et quant il fut eschappé à grand-peine et il fut passé oultre, il mit l’enfant sur la rive et lui dist : “Enfant, tu m’as mis en grant péril et pesois tant que j’eusse eu tout le monde sur moy, ie ne sentisse à peine greigneur faix.”
Et l’enfant respondit : “Christofle, ne te esmerveille pas : car tu n’as pas seulement eu tout le monde sur toy - mais celuy qui créa tout le monde tu as porté sur tes espaules. Je suis Christ ton roy à qui tu sers en ceste œuvre. Et affin que tu saches que ie dis vray, quand tu seras passé, fische ton baston en terre delez la maisonnette, et tu verra demain qu’il portera fleurs et fruictz.”
Et tantost il se esvanouit de ses yeulx.
Lors Christofle alla et fischa son baston en terre, et quand il se leva au matin, il le trouva ainsi comme un palmier, portant fueilles et fruictz. »

samedi 16 mai 2009

Leçon de politique au temps des Doges de Venise

Tiziano Vecellio (1490 - 1576), San Cristoforo (1523 - 1524), Affresco, Venezia, Palazzo Ducale, Sala dei Filosofi
Realizzata per ordine del doge Andrea Gritti appena eletto, e quindi probabilmente nel 1524, l’opera fu eseguita in sole tre giornate di lavoro, con un segno rapido ed inciso sull’intonaco ancora fresco, visibile in corrispondenza di tutta la costruzione della figura. La vigorosa muscolatura fa pensare a Michelangelo ed alla statuaria classica ai cui modelli Tiziano, in questi anni, era particolarmente sensibile. Del tutto originale è la scelta del pittore di far attraversare al suo santo non un fiume, secondo la tradizione, ma la laguna di Venezia, riconoscibile dalla presenza - sullo sfondo - del campanile, del Palazzo Ducale e delle cupole della Basilica, mentre a sinistra si scorgono i monti. Il cielo è solcato da nubi tempestose sulle quali si staglia il nobilissimo volto del santo vestito di pochi colori, rosso cupo, verde pastello, bianco latte, mentre porta sulle spalle un Gesù Bambino descritto con tenero realismo. Perché San Cristoforo proprio qui?È certo uno dei santi ausiliatori, che s’invocavano per particolari necessità; ma un’altra spiegazione è possibile: Cristoforo è un convertito che ha saputo mutar senso alla propria vita. La sua effigie sopra una porta - la soglia - potrebbe allora esprimere la volontà di superare lo stacco tra vita privata e funzioni pubbliche del Doge.
Pour ceux qui lisent mal l’italien : cette fresque a été réalisée pour un Doge de Venise au moment de son accession au pouvoir. Le saint est représenté traversant la lagune de Venise : on reconnait au loin le campanile du Palais Ducal et la coupole de la Basilique… Quand à la fin de la notice la voici traduite intégralement
« Il est certainement l'un des saints auxiliaires auxquels on fait appel en cas de besoin particulier, mais une autre explication est envisageable : Cristoforo est un converti qui a su changer le sens de sa propre vie. Son effigie au dessus de la porte - le seuil - pourrait alors exprimer le désir de d'aller au-delà / d'enjamber la séparation entre la vie privée et les fonctions publiques du Doge. »

Merci à Isabelle pour l’image et la notice et à Sarah pour la traduction.

jeudi 7 mai 2009

Clin d'oeil à ceux qui ont... presque tout lu !

La coquille signifie qu'on est sur le chemin de St Jacques de Compostelle, les traits blanc et rouge sur le chemin de Grande Randonnée (n°68), le chien tenu en laisse, lui, me fait penser que l'église la plus proche (celle du Pin en Isère) est dédiée à Saint Christophe : ce panneau contient bien plus d'informations que ce qu'il n'en a l'air...

mercredi 29 avril 2009

Eglise St Christophe au Pin (38)

La commune est riveraine du Lac de Paladru. Le Pin est aussi situé sur le chemin de pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle (de Genève au Puy en Velay) par le sentier GR® 65. Il y avait sur ce territoire une Chartreuse, celle de la Sylve Bénite, détruite à la Révolution. Pas de grosse rivière en vue, seulement ce qui semble des ruisselets mais certains petits ruisseaux peuvent faire de gros dégâts. Sur le support du panneau, on peut voir le symbole de la coquille (cliquer pour agrandir) qui veut dire qu'on est bien sur le chemin de St Jacques Par ailleurs, les habitants du hameau d'Ars en bordure du Lac de Paladru ont eu à subir, à la fin du 12ième siècle, de capricieuses variations du niveau du lac, les amenant à déplacer une partie des habitations, et un incendie accidentel (ou criminel) détruisant le village et l'église Sainte Anne à un moment où la Chartreuse toute proche était en pleine expansion. Il en serait né une légende, celle de la Ville d'Ars, engloutie pour avoir refusé la charité à un mendiant. Ces informations, que j'ai résumées de façon peut-être maladroite, je les ai trouvées dans le livre "Les légendes de Paladru, parmi les récits de catastrophe du Dauphiné et de la Savoie", de Christian Abry, Alice Joisten, Michel Colardelle et Eric Verdel , livre si documenté qu'il paraît en être inépuisable, ainsi que dans la brochure "Les Mystères de la Silve Bénite" édité par la Maison de Pays des Trois Vals et du Lac de Paladru.
Quel rapport avec le Réprouvé ? Bien sûr il y a les dangers de l'eau, le chemin de Compostelle mais il serait intéressant de savoir aussi depuis quand l'église du Pin est dédiée à St Christophe, depuis le 18ième ? Avant ? Il me se semble que cet article n'est pas clos !
Le clocher de l'église qui est relativement éloignée du lac, est orné de deux cadrans solaires du 19ième qui ont été restaurés récemment. L'intérieur de l'église du 18ième siècle est très sobre, le choeur est orné de quelques vitraux représentant des saints, dont celui de St Christophe.Y avait-il St Jacques ? Il faut que j'y retourne...
Le culte de Saint Christophe semble... discret. Certains habitants ignorent que l'église lui est dédiée.

mardi 21 avril 2009

Images de St Christophe dans les Grisons, en Haut Adige, dans le Vorarlberg et le Piémont

Les images abîmées entre iconoclasme, pratiques religieuses et rituels «magiques» de Simona Boscani Leoni, c'est un article à lire en ligne, intégralement en ... cliquant sur son titre...
En lisant cette article j'ai pu lister un certains nombre de lieux où St Christophe est présent sur les peintures murales. De quoi me donner envie de voyager par là bas ! A trans-frontières, d'un bord à l'autre d'un grand bout des Alpes que je ne connais pas encore.
Notre saint était vénéré dans cette région, notamment tout au long des grandes voies de communication transalpines. Il est invoqué contre la mort subite et comme protecteur par rapport à la peste. Même si la liste ci dessous n'est pas exhaustive, ce qui est remarquable c'est la prédominance de cette figure dans les "images abîmées", prédominance qui peut s'expliquer de plusieurs façons : c'est le saint le plus fréquent, c'est celui qu'on préfère, c'est celui dont les images ont survécu, etc. etc.
Pour les lieux il y a donc :
Dans les Grisons (Canton Suisse), San Martino de Boudo (Val Bregaglia) et image ci dessous, Waltensburg/Vuorz, Santa Maria del Castello (Mesocco) et Soazza (Val Mesolcina)En Trentin Haut-Adige (Région Italienne) : Agund-Plars (Eglise St Ulrich), Tartsch et St Aegidius de Kortsch...
En Vorarlberg (Région Autrichienne) : St Vinerius de Nüziders
Dans le Piémont (Italie),près de Vercelli : Quarona (église San Giovanni al Monte)
Pour ce voyage, si j'ai tout compris, il me faudra parler italien, romanche, piémontais, allemand... et je dois en oublier.
Voici l'introduction et la conclusion de l'article qui vont me faire regarder autrement ces images dont l'usure ne provient pas que de l'âge ou d'un vandalisme "gratuit" :
"Les décors peints qui ornent les murs des sanctuaires sont des présences « vivantes » ayant une relation intense et complexe avec les rituels mis en scène dans l'église, ainsi qu'avec les fidèles qui sont les spectateurs interactifs de ces rituels. Les peintures murales deviennent ainsi un medium privilégié entre l'Ici-bas et l'Au-delà pouvant protéger les croyants et matérialiser le sacré. Toutes ces qualités expliquent l'intérêt des hommes envers elles, leurs attitudes d'adoration ou de négation vis-à-vis de la puissance sacrée de l'image...
Dans ces lignes, nous avons mis en évidence trois comportements ayant produit des images abîmées : l'attitude destructrice liée à la censure de la Réforme et de la Contre-réforme, la pratique des égratignures, et enfin la manipulation de l'image à travers le repeint. L'« amour » des fidèles pour l'image s'est exprimé selon des pratiques différentes. Ecrire son propre nom, la date de visite de l'église ou des prières sur les peintures murales était un phénomène répandu qui atteste le besoin de la part des croyants de s'approprier matériellement quelque chose de l'image et de sa force. Les repeints et l'intégration des peintures dans des ensembles plus récents montrent l'intérêt des commanditaires et plus généralement des communautés de fidèles à l'égard de leur paroisse, ainsi qu'une attitude de respect vis-à-vis des « images efficaces »... L'étude des peintures abîmées permet donc d'aborder le problème du rapport homme/image selon une perspective originale et de mettre ainsi en évidence l'importance et la complexité de l'impact des arts visuels dans les sociétés chrétiennes occidentales durant de longs siècles."

Mystères de St Christophe

Il y a un article très érudit à lire en ligne si vous voulez en savoir plus... C'est le texte d'un article de 1973, actuellement indisponible sur papier de G. A. Runnalls. La saisie et la mise en page ont été assurées à l'Université de Rennes par Christophe (!) Chériaux.
Voici une partie de l'introduction :
"Il existe aujourd'hui deux pièces de théâtre médiévales qui ont pour sujet la vie et le martyre de Saint Christophe. La version la plus connue est celle d'Antoine Chevalet, représentée en 1527 à Grenoble, et imprimée, également à Grenoble, en 1530 ( voir XXIV1 , II 599-605 XXII; III 1-26). Il s'agit d'un long mystère de presque 20000 vers, divisés en quatre journées. En voici le titre: «S'ensuyt la Vie de Sainct Christofle élégament composée en rime françoise, & par personnaiges, par Maistre Chevalet, jadis souverain Maistre en telle compositure, nouvellement imprimée.... Icy finist le Mystère du glorieux Sainct Christofle, composé par personnaiges, & imprimé à Grenoble le vingt-huict de Janvier, l'an comptant à la Nativité de Nostre-Seigneur, mil cinq cens trente, aux dépens de Maistre Anemond Amalberti, Citoyen de Grenoble.»
L'autre version de la vie de Saint Christophe, qui consiste en un traitement très différent du même thème, est plus courte, et moins bien connue; en effet, elle passa presque inaperçue jusqu'en 1880, lorsque Petit de Julleville (XXIV, II 491-3) en fit mention pour la première fois.... C'est cette deuxième version, anonyme, qui nous intéresse, et dont nous publions ici la première édition moderne... Voici l'Incipit et l'Explicit de Yf 1606: «S'ensuit le mistere du Tresglorieux martir Monsieur sainct christofle Par personnages Nouvellement (VI) imprime a Paris Et est a xxxiiij personnages Dont les nomps s'ensuivent cy apres.... Cy finist le mistere de sainct cristofle nouvellement imprime a Paris par la veufve feu Jehan trepperel Jehan Jehonnot Libraire & imprimeur Jure en l'universite de Paris demourant en la Rue neufve Nostre dame a L'enseigne de l'escu de France.» Ce document fut publié entre 1512 et 1517"
Pour vous donner l'eau à la bouche, suite à une enquête quasi policière, les auteurs en sont venus à penser que le mystère imprimé à Paris, mais sans doute composé, un peu plus tôt, au siècle précédent, l'a été par un imprimeur qui habitait la paroisse de St Christophe, dont l'église, maintenant détruite faisait face à Notre Dame.
Il y a dans cette article un historique des différentes versions de la légende qui en vient à la conclusion que la légende du Réprouvé, telle que je la raconte à la "suite" de Jacques de Voragine, et telle qu'elle apparaît dans les mystères est assez récente.
Pour ce qui est du mystère imprimé et joué à Grenoble, nous aurons sans doute l'occasion d'en reparler puisqu'il a aussi été traduit et joué dans l'Eglise de St Chef (38) en 2002. On peut juste faire remarquer que Grenoble, au confluent du Drac et de l'Isère (le serpent et le dragon, comme le disent les Grenoblois) était régulièrement dévastée par les inondations.

jeudi 9 avril 2009

Auris en Oisans (38), un oratoire dans un lieu remarquable

Auris est une commune de montagne où il n'y a pas de bourg mais neuf hameaux et autant de chapelles et aussi une station de ski. L'accès depuis la vallée a toujours été difficile... Les hameaux sont en bordure de falaises pour ne pas trop empiéter sur les terres cultivables. Sans y être jamais allée je connaissais la réputation du chemin surnommé "La Cheminée" qui monte dans la falaise depuis la Romanche (le torrent). Je savais aussi qu'au pied de ce chemin, la traversée de la Romanche se fait par un pont dit "romain", même s'il n'est peut-être que médiéval... Et voici que je découvre que la chapelle qui est au départ de "l'Echelle", au hameau de la Balme d'Auris est dédiée à Saint Christophe... Et qu'on appelle parfois le pont, le Pont du Diable.
La promenade s'imposait ! Voici donc le haut de la Cheminée depuis le hameau de la Balme avec sur le promontoire l'oratoire. La première photo de cet article a été prise, elle, depuis l'oratoire... C'est vertigineux et pourtant c'est bien là que le chemin commence sa dégringolade fort appréciée par les vététistes... à ce qu'il paraît!Le saint est représenté sans l'enfant... Ce que je n'ai vu pour l'instant qu'à St Jacques St Christophe de Crimée. La peinture date de 2006. Le peintre, Pierre Ren, habite à la Balme et semble avoir choisi de représenter le prêcheur (?) avec l'alpha et l'omega ? J'aime les pierres et les bougies devant le tableau.Vous pouvez cliquez pour agrandir "le panneau pour les touristes" fort instructif et bien fait !Après ça je suis retournée sur l'autre versant : on distingue l'oratoire (gris sur la "pointe" de roche, le cube blanc, plus à droite, c'est le réservoir d'eau) à droite des chalets sur la falaise et l'Echelle qui descend en zig-zag sur sa gauche. 500 mètres de dénivelés, plein Sud, jusqu'à la Romanche. Un itinéraire peut-être impressionnant mais pas plus dangereux qu'un autre...

dimanche 11 janvier 2009

Chapelle St Christophe à Vaulnaveys le Haut (38)

Hélas détruite, c'est la plus ancienne chapelle du village. Voici ce qu'en dit un article du bulletin municipal n°61 (janvier 2009): L'article a été rédigé grâce aux documents de Monsieur Serpollet mis à disposition par sa fille. Si quelqu'un connait l'emplacement de cette chapelle, je fais le déplacement dans la semaine !
Par ailleurs, j'ai trouvé dans "Patrimoine en Isère, Pays de Vizille", publié par la Conservation du Patrimoine en Isère en 1994, non seulement mention de cette chapelle (sur leurs cartes, elle serait plutôt sur la commune de Vaulnaveys le Bas...)mais aussi quelques informations complémentaires.
Préalablement, à l'époque gallo-romaine, il y est signalé que la plupart des auteurs estiment que la grande voie Grenoble-Briançon, semble correspondre à celui de la Route Napoléon actuelle lorsqu'elle traverse Eybens (paroisse Saint Christophe), Herbeys, Brié-Angonnes. L'existence de voies secondaires sur le commune de Vaulnaveys paraît probable (de Vizille aux thermes gallo-romains d'Uriage, et de Vaulnaveys à Brié)
En ce qui concerne le Haut Moyen-Âge, Michel et Renée Colardelle y écrivent :
"Les couvercles de sarcophages de Vaulnaveys appartiennent incontestablement à l'époque mérovingienne pour l'un, carolingienne pour l'autre avec leurs décors chrétiens sculptés. Toponymes -"Cimetières des Romains", "les Croix"- et traditions locales signalent à coup sûr l'existence d'un lieu de culte chrétien précoce, chapelle (privée probablement, et alors liée à la résidence d'un propriétaire foncier) dans laquelle ainsi qu'à son entour étaient placées des sépultures privilégiées qui bénéficiaient ainsi des prières des fidèles, comme de l'intercession que ne manqueraient pas d'apporter les corps saints des personnages vénérés, prêtres ou fondateurs , qui s'y trouvaient déjà". Les auteurs notent aussi l'évolution des cultes funéraires de cette époque ( Saint Laurent à Grenoble)
Au 15ième siècle il y a encore deux "cures" à Vaulnaveys : St Christophe et Saint Jean Baptiste. Me permettrais de remarquer que, dans l'iconographie, si Christophe porte un enfant, Jean Baptiste porte souvent un agneau, qu'il baptise dans l'eau des rivières et, comme Christophe, termine sa vie décapité ?
D'autre part qui peut me dire où situer les toponymes "Cimetières des Romains", "les Croix" cités plus haut ?

dimanche 4 janvier 2009

St Jacques St Christophe à Houdan (78)

Ceci est un voyage virtuel auquel j'ai été initié par le sculpteur Rodin qui a croqué cette église...
C'est donc dans les Yvelines, une église où je n'ai pas trouvé trace du Réprouvé à part dans le nom (elle aurait été consacrée de façon secondaire à notre saint en 1510) et dans la fête toujours vivante : le 5 juillet 2008, il y a eu au moins un concert.
En ce qui concerne St Jacques, c'est bien sûr parce que c'est sur la route de Compostelle. Y-a-t-il un pont ou un gué à Houdan ?
Une particularité de l'église est son inscription au fronton "Le peuple français reconoît l'existence de l'Être Suprême et de l'Immortalité de l'Âme". Cela date de 1790, du temps où l'église était devenue "Temple de la Raison et de l'Être Suprême". Mais je m'égare... Si un de mes nombreux lecteurs connait Houdan je serai friande de toute information complémentaire.